Le séisme de mai 2003, dont on commémorera le 5e anniversaire dans un mois, a non seulement détruit ce qui existait, mais il a surtout freiné le développement local dans la wilaya de Boumerdès. Les efforts qui devaient être consentis dans ce chapitre sont allés à la reconstruction de la zone sinistrée. Boudouaou, qui est l'une des plus grandes communes et villes de la wilaya, accuse un retard énorme en termes de développement. Les nouvelles cités construites dans le cadre du programme de la reconstruction ne sont en fait que l'arbre qui cache la forêt. Toute une cité (950 logements) est en fait érigée au Plateau de Boudouaou, mais cela demeure insignifiant devant la demande, chaque jour croissante, de la prise en charge des multiples doléances des citoyens. Car réfection des routes, extension et rénovation des réseaux d'assainissement, le logement social, la construction d'infrastructures de base sont autant de chapitres relégués au second plan devant l'urgence de reloger les familles sinistrées, suite à la catastrophe du 21 mai 2003. Aujourd'hui, le malaise à Boudouaou est palpable et les responsables locaux risquent d'être débordés par les problèmes qui s'accumulent. La situation est d'autant plus menaçante que l'APC est dans une situation d'équilibre précaire. Les résultats des dernières élections, ayant donné le FLN vainqueur avec une majorité relative des sièges, n'arrangent pas les choses. Par conséquent, la charge devient encore plus consistante pour l'administration qui est appelée à jouer le modérateur dans pareille situation, afin d'éviter que des populations entières ne soient prises en otage par des conflits qui couvent au sein des « alliances » négociées parmi les élus. Bentorkia, Benmerzouga et H'laïmia sont les trois plus grandes cités, aux côtés du centre-ville et Ben Adjal, où est attendue impatiemment l'action des pouvoirs publics pour que la population puisse « respirer un peu ». L'amélioration du cadre de vie est la revendication première des habitants de ces quartiers. Le marché hebdomadaire, la gare routière, la gare ferroviaire qui est quasi inutilisable ; les coopératives d'El Merdja et autres problèmes sont les casse-têtes qu'il faut résoudre en toute urgence. Des programmes de logements très maigres Le chef de daïra, Tahar Zouak, à qui nous avons exposé tous ces problèmes que soulèvent les citoyens, se montre plutôt confiant. Il reconnaît toutefois que le séisme a sérieusement secoué le développement dans sa circonscription et dira que cette catastrophe a « braqué toutes les énergies sur ce dossier ». S'agissant de l'opération de prise en charge des sinistrés du séisme, il dira : « Nous sommes en voie de clore le dossier, puisque 90% des sinistrés sont déjà pris en charge. Les 10% restants seront relogés au fur et à mesure que l'on réceptionnera les 192 logements encore en cours de construction. Et cela ne devrait pas dépasser cet été. » Le 18 mars dernier, sur les 977 sinistrés, recensés avec fiche du CTC et inscrits dans l'option « relogement », 916 avaient déjà été relogés, selon M. Zouak. Pour ce qui est des aides à la reconstruction, « l'examen des dossiers a été clôturé et tout le monde a reçu son aide », dit le chef de daïra. « Ceux-ci sont au nombre de 292 et ils avaient tous bénéficié d'un chalet. Une fois l'habitabilité du logement vérifiée, nous récupérons le chalet pour l'attribuer aux cas sociaux », ajoute-t-il. Les chalets sont systématiquement récupérés après le relogement des sinistrés qui les occupent. « Sur les 819 unités à récupérer, 811 ont été restituées », nous disait ce responsable vers la mi-mars dernier. Dans le chapitre social, Boudouaou n'a bénéficié que de maigres programmes. En effet, 32 logements à Kharrouba, 20 logements à Boudouaou, 30 à Kedara, 160 à Ouled Hedadj (en cours de réalisation) seulement ont été affectés à cette daïra. Ce déficit ne peut malheureusement pas être comblé par les programmes LSP qui sont, eux, destinés à d'autres catégories de citoyens. Dans ce cadre, l'on a accordé à Boudouaou 900 logements qui seront construits tous à H'laïmia et cela, pour rendre plus agréable ce côté de la ville de Boudouaou qui souffre d'une sorte de marginalisation et d'oubli. Il y a aussi un autre programme de 250 logements (LSP toujours) à Benmerzouga. Pour le développement, le chef de daïra nous apprend que ses services ont fait une proposition de réalisation d'une zone d'activités dans chaque commune. « Mais il faut que cela soit conforme à la nouvelle loi et nous attendons le feu vert », explique-t-il. En ce qui concerne Boudouaou, « 20 ha du nouveau PDAU sont destinés à la zone d'activités, comme une première étape ». M. Zouak compte aussi sur le programme des 100 locaux dans chaque commune pour soulager un peu une partie des jeunes chômeurs. « L'opération avance très bien et nous avons tout liquidé, y compris les affectations. Nous en sommes actuellement à la deuxième phase, au niveau des domaines s'entend, pour les estimations et l'établissement des contrats. Nous attendons de parachever les VRD. Chose qui interviendra en principe vers le mois de juin prochain », ajoute-t-il. Les pouvoirs publics comptent aussi sur le nouveau marché qui est entrain d'être réalisé au Plateau et qui compte près d'un millier de locaux. Pour ce qui est du marché hebdomadaire qui provoque un véritable étouffement de toute la ville de Boudouaou, le chef de daïra nous a confié que les études sont en cours pour son déplacement à l'extérieur du chef-lieu de daïra. L'assiette actuelle sera réservée à la réalisation d'un marché couvert moderne, avec toutes les commodités, dit notre interlocuteur. M. Zouak précise que les études pour ce projet sont terminées et que la fiche technique a déjà été réalisée. Le coût global du projet est estimé à 12 milliards de centimes. Le chef de daïra de Boudouaou se dit aussi conscient de la nécessité de développer le secteur des transports dans sa circonscription. Pour rendre la gare ferroviaire utilisable, car elle l'est très peu actuellement du fait de son isolement, ses services pensent à la réalisation d'une gare intermodale, non loin de là, afin de la rendre accessible. Mais il se pose un problème de terrain, explique-t-il. Actuellement les citoyens ne peuvent pas prendre le train à partir ou à destination de Boudouaou parce qu'ils auront à faire un long chemin à pied entre la ville et la gare SNTF, ou alors attendre indéfiniment le transport au bord de la route. Une ville qui prend de l'ampleur Pour ce qui est des coopératives et de la zone d'activité d'El Merdja, le chef de daïra nous a expliqué qu'elles seront totalement délocalisées, parce que le terrain est déclaré inondable. Et cela suite aux inondations de l'année 2002. M. Zouk explique que les autorités sont à la recherche d'un terrain de substitution. « J'attends l'approbation de l'édition finale du PDAU pour pouvoir situer un terrain et régler ce problème », dit-il. Avec l'université et les autres projets inscrits au Plateau de l'extension de la ville qui se fait dans tous les sens et l'arrivée de plus en plus forte des citoyens d'autres villes et d'autres régions du pays, Boudouaou prend le chemin des grandes villes. Mais l'encadrement et les infrastructures devraient suivre. Avant que l'ex-Alma ne soit débordée. Elle est actuellement réputée être l'une des villes les plus paisibles, malgré sa masse d'habitants et les nombreux visiteurs qui y sont de passage quotidiennement à cause, essentiellement, du développement de l'activité commerciale. Mais des fléaux commencent à proliférer. En termes de sécurité, les forces de l'ordre sont quasiment absentes. Des cités d'une taille d'une commune moyenne, comme H'laïmia, Benmerzouga, Bentorkia, les 950 logements, Benadja sont sans aucune structure de sécurité police ou gendarmerie.