Ravagée par le séisme du 21 mai 2003, Boumerdès renaît, petit à petit, de ses cendres. Plusieurs projets de reconstruction sont en cours d'achèvement. Outre sa vocation touristique, incarnée particulièrement par son remarquable littoral et ses merveilleuses plages, Boumerdès est aussi une cité des sciences et du savoir et est, également, une destination privilégiée de nombreux estivants. Elle continue, en dépit du séisme qui l'a durement touchée en cette soirée du mercredi 21 mai 2003, d'offrir à ses visiteurs divers sites et moyens d'attractions. Mais la grande attraction de cette ville demeure incontestablement ce pâté de maisons de style méditerranéen et créole qu'est le Rocher Noir. Ce lieu pittoresque, qui a inspiré de nombreux artistes et écrivains comme Rachid Mimouni, Nourreddine Abba, Sensal ou Myriam Ben, est mêlé de très près à l'histoire de l'Algérie indépendante, puisque à quelques mètres de là, se trouve le bâtiment de l'ex-INH qui a abrité le siège du Gpra, où Christian Fouchet, alors haut commissaire de France, remet à Abderahmane Farès en ce jour du 3 juillet 1962 la lettre du général de Gaulle qui reconnaît officiellement l'indépendance de l'Algérie. Boumerdès vole, en 1984, de ses propres ailes et devient commune et chef-lieu de wilaya. Un statut qui lui permettra de connaître, en l'espace de quelques années, une véritable métamorphose. Son tissu urbain s'est transformé à telle enseigne que ses projets de développement débordent aujourd'hui sur les communes voisines de Corso, Tidjellabine et Thenia. Tout s'effondre un 21 mai 2003 Malheureusement, le séisme qui a affecté de nombreux quartiers, dont celui des 1200-Logements ou la cité des Coopératives, a inhibé cet essor. L'APC s'est vu contrainte de gérer, durant plusieurs mois dans des conditions difficiles et parfois décriées, l'après-séisme. Les citoyens attendent impatiemment de quitter les chalets, dont la surface habitable ne dépasse pas les 36 m2, pour retrouver leurs repères et ainsi reconquérir les espaces qui leur sont familiers. Une partie des habitants de “la cité martyre” des 1200-Logements vont bientôt regagner leurs logements, rassurés alors de rester dans leur quartier, puisque Cosider a entamé, avant-hier, la construction des 520 logements. Les habitants de cette cité, qui se sont séparés dans la douleur ce jour du 21 mai 2003, se sont constitués en association et ont décidé de maintenir en place les habitations détruites. Une belle façon de retrouver ses repères et assembler de nouveau les morceaux d'une vie commune qui a failli être emportée à jamais. Et comme pour appuyer cet esprit de solidarité, l'entreprise Cosider s'est engagée, en dépit de son plan de charge, à exhausser le vœu des rescapés de la catastrophe, en prenant en charge la réalisation du projet. La cité du 11-Décembre. Elle aussi, va renaître de ses cendres dans les tous prochains jours, où plusieurs entreprises sont programmées pour se lancer dans la reconstruction des bâtiments détruits. Ici, également, ce sont les associations qui ont initié, en collaboration avec la wilaya, le projet qui s'ajoutera aux différentes constructions en voie d'achèvement, situées dans la partie ouest de la ville. Le tout devrait former ce qu'on appelle déjà la nouvelle ville de Boumerdès, alors qu'à l'est, précisément à Sghirat et Figuier, de grands projets touristiques sont prévus comme le village touristique s'étendant jusqu'à Zemmouri et qui sera réalisé par le groupe saoudien Sidar. L'espoir renaît Au centre, une Bibliothèque nationale, baptisée au nom de Rachid Mimouni, et considérée comme une annexe de celle du Hamma, sera édifiée pour s'ajouter aux différentes réalisations socio-éducatives déjà existantes. La ville de Boumerdès sera dotée également de son “Maqâm Echahid”, situé en plein centre-ville, et qui est en voie d'achèvement. Il s'agit d'un grand centre commercial composé de plusieurs étages et comprenant plusieurs salles de cinéma, de conférences, des centaines de magasins, un hôtel, un parking souterrain et de dizaines d'autres équipements. L'étendue, l'immensité et surtout la forme du bâtiment entièrement financé par la Cnep, lui ont valu déjà le sobriquet de “Titanic”. L'édifice, repris depuis quelques années par l'entreprise publique Sider de Annaba, va “émerger” bientôt pour former avec la tour imposante de l' Eplf, en voie de finition, la future place vivante et commerciale de Boumerdès. Le front de mer, lui aussi, connaît des transformations avec la réalisation de plusieurs jetées qui devraient assurer la consolidation des belles constructions en place. Ces brise-lames font figure aussi d'agréments à un bord de mer très fréquenté et constituent des coins de distraction pour les estivants et autres pêcheurs habitués à cet endroitL'APC, de son côté, s'est lancée ces derniers temps dans une vaste opération de nettoyage et d'embellissement de la ville, avec la plantation d'arbustes au niveau des artères principales et le badigeonnage des quartiers de la ville, alors que plusieurs projets socioéconomiques s'inscrivant dans cette démarche de rénovation urbanistique ont été parallèlement lancés. Le seul point noir demeure ce projet de réalisation de la route reliant la RN24 au niveau du CEM à la localité d'Alliliguia, qui connaît des difficultés pour sa reprise. Décidément, les habitants semblent décidés à effacer les stigmates du séisme et à redorer le blason de l'une des meilleures villes côtières d'Algérie. M. T.