La question du troisième âge commence à se poser avec plus d'acuité en Algérie. La baisse importante qui affecte depuis quelques années le taux de natalité couplée à l'augmentation de l'espérance de vie montrent que le pays traverse une transition démographique. Quelques chiffres : l'espérance de vie est passée de 71 ans en 2000 à 76 ans en 2007. Les spécialistes prévoient une espérance de vie de 80 ans en 2030. Résultat : quelque 3,5 millions de personnes ont plus de 60 ans en 2007. Cette tranche d'âge tendra à l'horizon 2040 à représenter près de 40% de la population. Un autre facteur vient se greffer sur ce schéma démographique : la tendance générale de la société à glisser vers la famille nucléaire. Quels sont les moyens mis par les pouvoirs publics à la disposition de ces personnes âgées, notamment les démunies ? Au ministère de la Solidarité nationale, les responsables font état de 28 foyers opérationnels au profit des personnes âgées et/ou handicapées répartis sur 23 wilayas. En outre, la chargée de la communication du ministre indique que 8 centres d'accueil sont gérés par le mouvement associatif. La capacité d'accueil global est estimée à 3219 places, alors que 2120 personnes âgées sont recensées au sein de ces centres. Le même ministère attribue une allocation vieillesse aux démunis estimée à 3000 DA/mois. En perspective, le département de Djamel Ould Abbès s'apprête à soumettre au conseil de gouvernement un projet de loi dont la finalité consisterait à maintenir la personne âgée dans son milieu naturel, qui est la famille, en plus de l'installation d'équipes sociales pour assister à domicile des personnes âgées dépendantes. Que pense le mouvement associatif des actions menées par les pouvoirs publics ? Maître Houchati, membre fondateur de l'Association d'aide et de soutien aux personnes âgées (AASPA, créée en 1988), admet qu'« il y a certes une prise en charge de la personne âgée par les pouvoirs publics », mais, rétorque-t-il, « il reste pas mal de travail à faire collectivement (associations, pouvoirs publics et familles) pour éviter à ce que tout un pan de la société ne glisse vers la marginalité ». Ce défenseur de la personne âgée explique que le centre d'accueil n'est pas la solution idoine. « Lorsque la personne âgée sort de son intra-monde familial en rejoignant par nécessité un établissement de la personne âgée, elle subit un choc émotionnel du fait de la perte de son rang social, de sa dégénérescence physique et de la diminution graduelle de ses capacités physiques. » Il estime, en revanche, que la solution la moins dramatique devrait être une prise en charge à domicile où les capacités intellectuelles et les potentialités morales et physiques de la personne âgée sont stimulées. En outre, pour que le fonds social de solidarité vieillesse pour les démunis puisse assurer une vie décente au double plan sanitaire et social, il doit au moins s'aligner sur le SMIG. Pour maître Houchati, le rôle du mouvement associatif se résume dans l'aide, l'assistance et la protection des personnes âgées, mais en complémentarité avec la responsabilité des pouvoirs publics (ministères de la Solidarité nationale et celui de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière) pour aller vers une nouvelle forme de prise en charge dont les aspects sont la gériatrie, le service d'aide à domicile et l'alternative thérapeutique. Ainsi, en guise de propositions, l'avocat près la Cour suprême et le Conseil d'Etat suggère l'installation des services de gériatrie dans les hôpitaux existants, et à moyen terme, la mise en place des grands centres de gériatrie à compétence régionale. Il appelle également à fédérer toutes les compétences et les associations qui activent en faveur de la personne âgée, en partenariat avec les pouvoirs publics pour la mise en place d'un observatoire pour la protection de la personne âgée, au même titre que l'enfance et la femme. Dans le même chapitre, maître Houchati préconise la mise en place d'un musée de la personne âgée, ainsi qu'un cercle du centenaire, pour reconstituer la mémoire collective des générations passées. Sur le plan juridique, il souligne la nécessité de pénaliser rigoureusement les violences et les maltraitances sur les personnes âgées (un seul article prévoit actuellement ce délit).