La secousse tellurique qui s'est produite hier, vers 9h30, dans la région de Boumerdès a provoqué 91 blessés, selon le responsable de la cellule de communication de la Protection civile de cette localité, Ahmed Makni. Plusieurs personnes, paniquées, ont quitté précipitamment leur demeure, ce qui leur a occasionné des blessures légères. « 12 personnes s'en sont sorties avec des fractures, 7 avec des blessures sans grande gravité et 72 autres avec des chocs psychologiques », a souligné M. Makni. Une grande partie des blessés a été recensée, selon lui, au centre de Boumerdès, à Bordj Ménaïel et à Thénia. Il a précisé, qu'aucune victime n'est à déplorer et qu'aucun cas d'effondrement de bâtisses n'a été enregistré. Selon le directeur du Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG), l'épicentre de la secousse d'une magnitude de 4,7 sur l'échelle ouverte de Richter a été localisé à deux kilomètres au nord-ouest de Zemmouri. « C'est une réplique normale du séisme du 21 mai 2003 », a-t-il déclaré à l'agence APS. Pour lui, chaque séisme a ses caractéristiques avec des répliques linéaires ou saccadées, comme c'est le cas de celui du 21 mai 2003. Faisant un parallèle avec la secousse de mercredi dernier, le directeur du CRAAG a affirmé que « ces deux dernières répliques qui ont été enregistrées dans la même zone épicentrale sont parmi les dernières répliques du choc initial ». Mauvais souvenirs Hier, vers 14h, les habitants de Boumerdès-ville et de la localité de Zemmouri étaient toujours sous le choc. Cette réplique, faut-il le souligner, a réveillé de mauvais souvenirs. Elle a brutalement replongé la population locale dans le souvenir de la tragédie du 21 mai 2003 qui a fait plus de 2000 morts. Dans les rues, de nombreuses personnes craignaient de rentrer chez elles, même en fin d'après-midi. Les élèves ont été évacués de leurs établissements juste après la secousse. Ils ont, par ailleurs, rejoint les bancs de l'école vers 13 h. En revanche, les étudiants de l'université M'hamed Bougara étaient, jusqu'à la fin de la soirée d'hier, massés devant leur campus. Dans la wilaya de Boumerdès, chaque secousse est redoutée. Les rangées de chalets à perte de vue et les façades fissurées des immeubles sont toujours là pour rappeler le drame. La petite ville de Zemmouri ressemble toujours à un champ de ruine. Son décor dantesque renseigne, si besoin est, que très peu de travaux furent effectués depuis le séisme de l'année dernière en dehors, bien entendu, du relogement des sinistrés dans des chalets. Ici, la discussion sur ce tremblement de terre, ses conséquences désastreuses et ses innombrables répliques revient dans toutes les bouches. C'est dire que la plaie est toujours non cicatrisée. Elle ne se refermera peut-être qu'avec l'arrêt définitif de l'activité sismique dans cette région profondément meurtrie. Les riverains demeurent traumatisés. Toujours les mêmes visages tristes et les même regards vides. « Celui qui a été mordu par un serpent panique à la vue d'une corde », dira, dans un style plutôt proverbial, un jeune homme rencontré au centre-ville de Zemmouri, ou plutôt ce qui en reste encore. « Devant les catastrophes naturelles, on ne peut rien », se résigne notre interlocuteur. Néanmoins, à la cité Genisider où la réplique a provoqué plus de peur que de mal, un commerçant n'a pas manqué d'égratigner les autorités chargées de la gestion de l'après-séisme du 21 mai 2003. « Les entreprises désignées pour effectuer les travaux de confortement des bâtisses se sont contentées des ravalements de façade. Nous ne sommes pas à l'abri du danger », a-t-il tempêté. Selon lui, une réplique d'une magnitude de 6° sur l'échelle ouverte de Richter pourrait être fatale pour cette cité. A Boumerdès, l'affliction enveloppe toujours la ville. La population ne semble pas faire trop de confiance aux travaux effectués après le tremblement du 21 mai 2003. « C'est pour cette raison que certaines personnes, saisies de panique, ont fait des chutes dans les escaliers en tentant de fuir », témoigne un commerçant de la cité des 800 Logements de Boumerdès. De l'avis d'un enseignant universitaire habitant Boumerdès, les pouvoirs publics n'ont décidément pas tiré toutes les leçons de la tragédie du 21 mai 2003, d'où la crainte de voir se répéter les mêmes négligences et les mêmes failles.