Des émeutes ont secoué, dimanche, la ville de Chlef avant même le début de votre procès, prévu le même jour. Pourquoi, selon vous, la situation a-telle dégénéré ? Les agissements des autorités locales et leurs déclarations incendiaires sur les ondes de la radio sont à l'origine de ces manifestations. Leurs décisions constituent une injustice flagrante pour les sinistrés de la wilaya de Chlef. La première décision est l'annulation de l'aide financière destinée aux sinistrés, décidée dans le cadre de la loi de finances 2007. L'annulation de cette aide est intervenue à travers l'article 75 de la loi de finances complémentaire de 2007. Une annulation que les citoyens et l'association dénoncent énergiquement car les sinistrés du séisme qui a secoué Chlef en 1980 n'ont bénéficié d'aucune indemnité. De plus, ils continuent à souffrir dans ces chalets qui ne devraient pas être utilisés au-delà de 10 ans. Ils sont complètement dégradés et l'amiante risque de nous poser d'énormes problèmes de santé. Nous sommes exposés à toutes les maladies. Quand nous avons tenté d'attirer l'attention des autorités sur la gravité de la situation, ces dernières ont fait la sourde oreille. Elles ont fermé tous les canaux d'expression et toutes les portes du dialogue. C'est un véritable autoritarisme. Nous demandons l'application de la première décision (article 99 de la loi de finances 2007), car nous sommes dans des conditions difficiles. Nous n'acceptons pas cette différenciation entre un locataire et un propriétaire. Nous sommes tous des sinistrés et là où il y a une habitation préfabriquée, c'est que la personne qui y habite est sinistrée. Nous ne sommes pas contre la construction d'une nouvelle ville, mais il faut que tout le monde soit logé. En quelle année avez-vous créé cette association et quand avez-vous posé pour la première fois ce problème ? Au début, des comités de quartier ont été créés par les autorités en 1986. A cette époque, on a lancé l'opération de la reconstruction de la wilaya de Chlef. Une opération qui a été suspendue pour des raisons que j'ignore. La situation est restée la même jusqu'à l'an 2000 et la venue de l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour à Chlef. Ce dernier avait décidé d'octroyer une aide de 40 millions de centimes aux sinistrés. Une décision qui n'a pas été appliquée. Le wali actuel a créé en 2004 une commission présidée par lui-même pour essayer de trouver une solution au problème des chalets. Mais depuis son installation, cette commission ne s'est jamais réunie. Quand nous avons constaté que les autorités n'ont pas voulu nous associer au travail de la commission, nous avons saisi le président de la République par écrit. Le chef de l'Etat nous a écoutés et a dépêché sur les lieux trois ministres (ceux de l'Intérieur, des Finances et de l'Habitat). Ces derniers nous ont proposé des crédits que nous avons rejetés, car les gens ne peuvent pas rembourser. Nous demandons notre droit à l'indemnisation, car nous n'avons bénéficié même pas d'un mouchoir. Le wali vous a conviés à un dialogue. Qu'en est-il exactement et allez-vous accepter de le rencontrer ? Il y a eu des contacts effectivement. Ce que nous demandons c'est l'ouverture d'un dialogue. Car si les portes du dialogue étaient ouvertes, on ne serait pas dans cette situation. Pourtant, nous les (autorités) avons averties. Nous ne dirons pas non au dialogue. Nous sommes prêts à dialoguer et nous sommes contre ces actes de destruction. Ces gens qui saccagent les édifices publics n'ont rien à voir avec nous. En tout cas, le wali connaît mes positions sur le sujet. Pour solutionner le problème, il faut libérer tous les détenus, ouvrir le dialogue avec la société civile et revenir sur la décision d'annuler l'aide financière au profit des sinistrés.