Alors qu'au niveau du chef-lieu de la wilaya le calme, certes précaire, est de retour, dans la commune de Chettia (10 km au nord de Chlef) les manifestations ont redoublé d'intensité. La ville est transformée en un véritable champ de bataille. Chlef. De notre envoyé spécial La wilaya de Chlef ne décolère toujours pas. Les émeutes se sont poursuivies hier encore et pour la troisième journée consécutive. Ni la visite du ministre délégué chargé des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, venu écouter les responsables de différentes associations locales, ni les appels à la raison lancés la veille par le wali et les représentants de l'association des sinistrés du séisme de 1980 n'ont réussi à calmer les esprits. Alors qu'au niveau du chef-lieu de la wilaya le calme, certes précaire, est de retour, dans la commune de Chettia (10 km au nord de Chlef) les manifestations ont redoublé d'intensité. Au moment où nous mettons sous presse, la RN9 menant vers Ténès (50 km au nord de Chlef) est toujours bloquée et les affrontements entre les manifestants et les services de sécurité se poursuivent toujours. La ville est transformée en un véritable champ de bataille. Les jeunes en colère réitèrent leur demande du départ du wali actuel qui, selon eux, « n'a rien fait pour prendre en charge leurs doléances ». « Ce sont ces interventions sur les ondes de la radio locale qui attisent la colère des jeunes », déclare un citoyen qui a requis l'anonymat. Les manifestants de Chettia, qui s'en sont également pris aux rares édifices que compte la commune, réclament la libération de tous les détenus et la satisfaction de la plateforme de revendications élaborée par l'association des sinistrés de 1980. Il s'agit en particulier de la réactivation de l'article 99 de la loi de finances 2007 qui porte sur l'octroi d'une aide financière de 1 million de dinars au profit de toutes les victimes et l'ouverture d'un dialogue sérieux avec les véritables représentants de la population. Situation tendue Si à Chettia la situation est explosive, la ville de Chlef est toujours sur le qui-vive. Le dispositif sécuritaire déployé depuis dimanche est toujours maintenu de crainte d'un nouvel embrasement. Devant les sièges de la wilaya, la daïra et au niveau de tous les principaux axes de la ville, des agents de police et de gendarmerie sont déployés pour dissuader les jeunes de reprendre les émeutes. On craint toujours un remake des événements de dimanche et de la veille, où d'autres édifices ont été ciblés. En plus du musée de la ville, les manifestants se sont attaqués, tard dans la soirée de lundi, au siège de la direction régionale nord de Sonelgaz. Ce dernier a été complètement saccagé et incendié. Cinq véhicules de la même direction ont été également brûlés. Située à la sortie nord de la ville de Chlef, cette direction, affirment des citoyens, prend en charge toutes les communes du nord de la wilaya (15 communes). Le climat demeure toujours tendu et la situation risque de dégénérer à nouveau, surtout avec la présentation hier après-midi à la justice des 68 détenus arrêtés dimanche. Selon Daho Ould Kablia, « 95% des personnes arrêtées ont des antécédents judiciaires et ont été appréhendés en état d'ivresse ». « Les personnes prises en flagrant délit de destruction des biens publics seront présentées à la justice », déclare-t-il, en précisant que 25 édifices publics ont été saccagés durant ces événements. On ne sait pas encore quel sort sera réservé à ces détenus. Les déclarations du ministre ne sont pas, en tout cas, venues dans le sens souhaité par les représentants des associations qui, eux, demandent la libération de tous les détenus. Les familles des personnes arrêtées et leurs proches retiennent leur souffle. La population de Chlef aussi…