Hier simplement chuchotées de bouche à oreille, les critiques de la société civile à l'égard des élus se révèlent au grand jour chaque fois un peu plus. Elles sont ouvertement exprimées à Sidi Amar et pourraient s'étaler à d'autres communes. Il s'agit d'une des conséquences de la gestion de la wilaya par un collège qui, les cinq précédentes années, avait cultivé l'ostracisme et le trafic d'influence dans sa démarche. Dans la commune de Sidi Amar, les habitants sont convaincus que leurs élus sont en perte de vitesse par rapport à leurs préoccupations. Particulièrement la population juvénile qui bout face au chômage et à l'oisiveté. Leur colère est attisée par la toute dernière information qui leur est parvenue sur l'éventualité de la dissolution de plusieurs disciplines sportives, dont le volley-ball. De petite localité durant les années 1970, Sidi Amar s'est métamorphosée en village d'abord, en petite ville avec ses 70 000 habitants ensuite. Elle n'est pas l'Eldorado que les concepteurs du plan d'aménagement avaient prévu de réaliser au début des années 1980 avec la création de l'une des plus grandes universités du pays. Les multiples crises sociales et économiques ont eu raison de cet enthousiasme avec comme corollaire les 3 derniers violents mouvements de protestation des jeunes chômeurs. Ces aspects auraient été pris en charge dans la démarche de concertation et de réflexion engagée par le chef de daïra nouvellement installé. C'est aussi le moment choisi par les services de la wilaya pour se préoccuper sérieusement de l'aménagement du territoire de cette commune. Même si cette démarche est restée du domaine du confidentiel, l'information a tout de même circulé. La population est composée en majorité d'anciens sidérurgistes, universitaires et travailleurs du bâtiment. Pour la première fois, elle a le sentiment que les autorités locales se sont rendues compte qu'il était temps de donner à leur commune les moyens pour son développement. Cerné par deux importantes zones industrielles, Pont Bouchet et la Meboudja, Sidi Amar constituait le premier pôle industriel de l'est du pays. Plus de 200 entreprises, dont une vingtaine d'importance nationale, y sont implantées. Dans ces deux zones, les entreprises des secteurs public et privé ont investi des milliers de milliards de dinars. C'est aussi un bassin de quelque 45 000 emplois et plusieurs centaines de sous-traitants. Tous ces atouts avec ce qu'ils sous-entendent comme impôts et taxes ne paraissent pas intéresser les élus de la commune. Aujourd'hui, les habitants ont l'impression que le complexe sidérurgique d'El Hadjar, qui jouxte leur grande cité, s'est transformé en handicap majeur pour le développement de leur commune. Leur impression est consolidée par l'absence de concertation, de communication et d'information. Jusqu'en 2004, les clivages sont de plus en plus apparents. L'incompréhension entre tous les acteurs intra et extracommune domine. Le désengagement de la mission de support administratif et technique impartie aux élus est très visible. Conséquences : à Sidi Amar, la qualité de vie est exécrable, la saleté et l'insécurité sont à tous les coins de rue, la délinquance et les maux sociaux sont en hausse. La mission est donc rude pour le nouveau chef de daïra et sa tutelle de la wilaya pour corriger ce qui peut l'être avec des élus obnubilés par le koursi.