Dix jours après les émeutes, le dispositif de sécurité a été quelque peu allégé, mais les forces antiémeute restent toujours stationnées dans les grands carrefours et devant les édifices publics. Chlef. De notre correspondant A présent, l'heure est au bilan des dégâts matériels et autres après les trois journées d'émeutes qui ont frappé la commune de Chlef et celle de Chettia, la semaine dernière. Le décompte chiffré est toujours en cours d'évaluation, mais l'on sait déjà que 25 structures publiques et privées ont été endommagées, avec des pertes qui s'élèveraient à plusieurs milliards de centimes, et que 78 jeunes sont en prison après avoir été arrêtés lors de ces émeutes. Autant de conséquences assez néfastes pour le développement local qui résultent, faut-il le dire, de ces journées d'agitation particulières et de la crise qui couvait depuis longtemps. Pour l'heure, seuls deux services publics — une recette postale et une agence de la banque — ont pu être retapés et réaménagés par leurs directions respectives. La première infrastructure a déjà rouvert ses portes au public dès samedi dernier. La directrice générale d'Algérie Poste, Mme Ghania Houadria, s'est rendue sur les lieux samedi dernier pour s'enquérir de la situation, constater l'ampleur des dégâts et prendre les décisions qui s'imposent pour remettre en l'état les cinq autres agences postales ainsi que les dix distributeurs automatiques touchés. Pour leur part, les sièges de la DMI, de la DFP, de la direction régionale de Sonelgaz Nord, le musée régional, le centre de l'ADE, les antennes de l'APC, également saccagés et brûlés, attendent toujours une éventuelle intervention pour leur réhabilitation. Un dépôt privé de médicaments a été également calciné et mis hors d'usage lors de ces événements. Dans tous les cas, la reprise risque d'être très difficile pour tous ces organismes et services publics qui ont beaucoup souffert de ces journées d'émeutes. Un triste et regrettable événement qui continue d'ailleurs de monopoliser les discussions des Chélifiens. Ces derniers vaquent normalement à leurs occupations, mais ils n'en restent pas moins attentifs à tout ce qui pourrait venir « d'en haut » concernant cette affaire. Pour eux, le malaise que vit la population ne peut être circonscrit au seul problème du préfabriqué, car celui-ci est « l'un des éléments majeurs ayant exacerbé la colère des habitants, après le procès de trop, le musellement de la société civile représentative, les poursuites successives contre des représentants d'associations, le verrouillage des canaux d'écoute et de dialogue et la gestion à sens unique des affaires publiques ». Le mot « hogra » revient comme un leitmotiv dans toutes les déclarations des citoyens de la région, lesquels ne comprennent pas le revirement du gouvernement sur l'aide financière à accorder aux sinistrés avant de revenir sur sa décision en instituant une commission locale avec des élus et des délégués de comités de quartiers pour réexaminer ce dossier et soumettre de nouvelles propositions. « Pourtant, le problème est cerné depuis longtemps et a déjà fait l'objet d'études d'experts et de bureaux d'études spécialisés. De même, les revendications des sinistrés sont connues de tous, à savoir rester dans leurs logements respectifs et bénéficier d'un soutien de l'Etat pour réparer leurs baraques, tel que prévu dans la loi de finances de 2007 », indiquent des chefs de famille. D'autres espèrent que les « dépassements des uns et la carence des autres ne resteront pas impunis après tout ce qui est arrivé aux deux plus grandes agglomérations de la wilaya ». Le redressement de la situation passe, selon eux, par des mesures d'apaisement concrètes.