La ville compte, à elle seule, plus de 19 000 habitations précaires. L'insalubrité et le manque d'hygiène empoisonnent le quotidien de milliers de familles. L'étendue de l'habitat précaire à Skikda n'est plus à démontrer. En effet, la ville compte, à elle seule, plus de 19 000 habitations sommaires, chiffre officiel annoncé lors de la dernière session de l'APW. Ces conditions de vie ne sont- elles pas dramatiques ? L'insalubrité et le manque d'hygiène empoisonnent le quotidien de milliers de familles. C'est le cas de ces trois frères et sœurs Djamila, Hada et Mohamed, qui vivent depuis plus de quarante ans dans un taudis à Hamrouche Hamoudi, communément appelé Valley. Jusque-là rien d'exceptionnel, ils tentent, depuis le décès de leur mère, survenu une année auparavant, de se prendre en charge. Et le mot est faible, tous les trois souffrent de handicaps mental et physique. Avec ses deux béquilles, Djamila, l'aînée, essaye, tant bien que mal, de s'occuper des deux autres malades qui ne lui facilitent pas la tâche. A ce propos, elle raconte : « Grâce aux médicaments qu'il prend, mon frère reste calme et passe ses journées au lit, mais ma sœur est immaîtrisable. Elle est tout le temps dehors à errer dans la rue. Il lui arrive même de sortir en pleine nuit. Ce sont les voisins qui des fois la ramènent, et d'autres fois elle trouve son chemin toute seule ». Et d'ajouter, les larmes aux yeux : « Lors de ses escapades nocturnes, elle a été victime, il y a quelques années d'agression et de viol ». Après un moment de silence Djamila continue ainsi son histoire : « Un jour, alors que nous étions tranquillement assises, elle prit un couteau de cuisine et m'en assena trois coups au niveau des reins, heureusement que les blessures n'étaient pas profondes ; un autre jour, c'est une bouteille de gaz butane qu'elle me lance, une fois elle met le feu à la cuisine… » Après cet incident, elle sera placée à l'hôpital psychiatrique d'El Harrouche, et en sera relâchée après trois mois. « C'est peut- être cruel ce que je vais dire, mais hélas je n'ai plus la force de mes 20 ans pour m'occuper davantage de ma sœur, elle fait deux fois mon poids et ma taille, rien que pour lui assurer sa toilette, quand elle me laisse faire, c'est une bataille », dira-t-elle. Les conditions dans lesquelles vit cette famille ne sont pas pour améliorer la situation, bien au contraire. Le toit qui menace de s'effondrer d'un jour à l'autre laisse pénétrer les eux pluviales, tous les murs sont fissurés pour ne pas dire complètement percés, sans parler des sanitaires, inexistants, obligeant ainsi les membres de la famille à se soulager dehors avec les moyens du bord. La saleté a gagné l'ensemble de la baraque, poussière et moisissures se dégagent à vue d'œil. « Comment voulez-vous que je nettoie ? Avec mes béquilles dans les mains je fais le strict minimum », s'insurge Djamila, qui ajoute : « Aucun être humain ne pourrait supporter de vivre ainsi, que dire alors quand on est handicapé ? » Selon elle, des membres d'une commission communale s'étaient déplacés il y a quelques mois pour s'enquérir de l'état des lieux, « ils sont restés bouche bée et ont dit que cette bâtisse était à démolir car irrécupérable. Le maire m'a promis de m'accorder toute son aide ». En attendant, Djamila et sa famille gardent l'espoir qu'un jour on daigne se pencher sur leur cas et que les promesses qui leur ont été faites se concrétisent enfin.