Invité à l'émission hebdomadaire « Questions de l'heure », diffusée sur les ondes de la Chaîne III de la radio algérienne, Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de la communication, a remis sur le tapis la lancinante question relative à la privatisation partielle de l'opérateur historique Algérie Télécom. Le ministre a rappelé que « la décision de privatiser Algérie Télécom a été prise en Conseil de gouvernement en juillet 2002 ». Cela, ajoute-t-il, s'inscrit dans le cadre du processus des réformes engagées à tous les niveaux. Le ministre évacue, par ailleurs, toute idée insinuant le « bradage » de cet opérateur. Il préfère ainsi parler d'« ouverture de capital aux étrangers ». Lesquels ? Amar Tou dira : « Le processus est en cours. Nous sommes au stade de recrutement des banques d'affaires. Une opération qui a déjà connu ses débuts. Et nous n'avons pas encore défini la formule d'ouverture, car nous allons d'abord étudier les différentes expériences des autres pays. Ensuite, nous allons prendre langue avec le partenaire social. » Selon lui, l'opération sera bien étudiée. « Nous cherchons un partenaire stratégique, celui qui a de l'argent à injecter dans le capital de ladite entreprise et qui a un savoir-faire nécessaire permettant à l'opérateur historique de se déployer sur les frontières », souligne-t-il. Le partenaire dit « stratégique » sera soumis à « des conditions de souveraineté », notamment la question de la préservation des postes d'emploi. A en croire le ministre, le processus d'ouverture du capital d'Algérie Télécom sera finalisé d'ici à fin 2005. Abordant la progression que connaît la téléphonie mobile depuis quelques mois, Amar Tou estime que cette dynamique créée par l'entrée effective du troisième opérateur de la téléphonie mobile n'est qu'à son début. « Cette tendance se poursuivra. Et l'on ne pourra faire une véritable évaluation que dans un an. » Soit le temps qu'il faut pour que le nouvel opérateur puisse s'installer convenablement. Reconnaissant que l'apport du troisième opérateur est positif, le ministre n'hésitera pas à défendre l'opérateur historique qui a pu, selon lui, rattraper les retards et se redéployer dans un environnement concurrentiel très serré. Pour étayer ses propos, Amar Tou livre quelques chiffres. « Mobilis, filiale d'Algérie Télécom, a atteint plus de 900 000 abonnés, alors qu'il est mentionné dans son cahier des charges qu'il devra atteindre 500 000 abonnés en 2005 », souligne-t-il. Sans vouloir classer les trois opérateurs, Amar Tou estime que le marché de la téléphonie mobile a atteint les 4 100 000 abonnés. Mais l'Algérie reste toujours derrière ses voisins tunisiens et marocains. S'agissant de la téléphonie fixe, Amar Tou croit dur comme fer à son avenir en Algérie, car notre pays a connu depuis 2000 un saut qualitatif dans ce secteur. « Nous étions à 600 000 lignes téléphoniques fixes en 2000. Nous sommes actuellement à 3 000 000. » Il évoquera à l'occasion la nouvelle tendance d'Algérie Télécom, qui a orienté ces derniers temps ses efforts sur le téléphone fixe sans fil. Selon lui, il y a 320 000 lignes qui sont opérationnelles en attendant la réalisation de 525 000 autres lignes, dont le contrat a déjà été signé. Au sujet des demandes d'acquisition de lignes téléphoniques fixes qui traînent depuis des années dans les bureaux de l'administration, le ministre emploie un ton plutôt rassurant : « L'opérateur a pris en considération cet aspect qui pénalise beaucoup les citoyens et les entreprises. Depuis quelque temps, je crois que la situation s'est un petit peu améliorée. L'attente, qui était il y a deux ou trois ans de quatre mois, a été ramenée aujourd'hui jusqu'au point zéro. » Néanmoins, il y a près de 900 000 demandes en instance, dira-t-il encore. Quant au chapitre relatif à la connexion à internet et à l'augmentation des prix, le ministre dira qu'il n'y a pas eu d'augmentation du prix d'accès à internet. « Avec l'ADSL, nous avons complètement supprimé les droits d'accès », ajoute-t-il. Evoquant le cas des 2600 travailleurs recrutés pour sécuriser les installations d'Algérie Télécom, M. Tou parle de contrats signés avec des sociétés de gardiennage et qui auront pour but de reprendre ces travailleurs. Mais, selon lui, il y a près de 700 travailleurs qui ne sont pas concernés, car il s'agit de postes fictifs.