La « fonction » de gardien de parking, qui fait aujourd'hui partie du décor, ne répond à aucune norme d'activité sociale ou économique. Il reste que ce « travail » n'est qu'une forme de mendicité. Les gardiens de parking augmentent de jour en jour à un rythme accéléré. Leur présence à chaque coin de rue et ruelle du centre-ville est fortement remarquée du matin au soir. Ces gardiens, autoproclamés, qui, avec audace, s'accaparent des espaces, ne sont pas sans ressembler à des cerbères. Chaque artère représente une chasse gardée pour un groupe de jeunes, valides et costaux, qui, sous prétexte de chômage, se font rémunérer, bon gré mal gré, par les propriétaires de voitures garées sur « leur territoire de chasse ». Certains pourraient rétorquer que l'on ne peut se passer de cette prestation alambiquée, mais d'autres ne manqueront pas de renchérir qu'à la moindre digression, incartade ou pantalonnade, les représailles tomberont comme une sentence. Et il serait plus sensé de faire dos rond, car les « gardiens » sont très violents, surtout une certaine catégorie d'entre eux qui ne peut se contenter de tabac ordinaire, et se procure sans coup férir les moyens de se shooter avec toutes sortes « d'herbes » et autres comprimés. Faut-il réprimer ce comportement factieux ? Faut-il accepter ce « métier » comme palliatif au chômage ? Faut-il laisser s'installer la violence entre les propriétaires de véhicules et ces « gardiens », dont certains, au regard patibulaire et menaçant, sont d'un tempérament agressif, hargneux et n'hésitent pas à se mettre en colère à la moindre contrariété ? Faut-il encore faire appel à la police pour contrer ces jeunes qui s'affublent de l'étiquette de « gardiens de parking » ? Ce corps peut-il se substituer aux autres services et autres institutions chargées de l'emploi des jeunes ? On est tenté de répondre par l'affirmative tant que le rôle de la police peut servir de moyen de coercition ou de répression à l'effet de faire respecter l'ordre tout en veillant à l'humanisation de la vie sociale, sans pour autant en supporter les défaillances. Durant la période faste, les jeunes avaient relevé le défi de réaliser la route de l'Unité africaine, laquelle a permis de sortir le grand Sud de l'isolement. Ils avaient construit des villages socialistes et créé le « barrage vert ». Tout cela pour dire que la pâte existe, cependant manque le levain, sinon pourquoi cette marginalisation de cette force de travail réduite à des activités « à la sauvette », allant de gardiens de voitures, de racoleurs devant les relais de voyage et de vendeurs de tabac, squattant les coins de rues et les places publiques, sans parler de l'émigration clandestine par mer ? Certes, l'Ansej existe bel et bien, mais pour y parvenir et obtenir aide ou assistance, les jeunes doivent accomplir les « douze travaux d'Hercule », d'autres se voient carrément stoppés dans leur élan, condamnés à l'avance par la bureaucratie notamment, laquelle réduit à néant toute bonne volonté et intention de participer à l'animation sociale de la cité, et partant du pays. La « fonction » de gardien de parking, qui fait aujourd'hui partie du décor, ne répond à aucune norme d'activité sociale ou économique. Des jeunes n'hésitent pas à se déplacer les jours de marché hebdomadaire d'une zone à l'autre afin « d'offrir » leurs services, en l'occurrence surveiller les voitures. Ils glanent certes des sommes rondelettes, mais il reste que ce « travail » n'est qu'une forme de mendicité.