Cette décision prépare-t-elle une interdiction du tabac dans les lieux publics ou, au contraire, restera-t-elle un simple vœu de circonstance ? Hier donc, l'université d'Alger a décidé l'interdiction de l'usage du tabac dans toutes ses facultés, instituts, restaurants et transports. Cette décision a été annoncée par le recteur de l'université, Tahar Hadjar, à l'occasion d'une journée de sensibilisation antitabac organisée à Alger. Pour sa part, le professeur Salim Nafti, chef du service des maladies respiratoires au CHU Mustapha Pacha, a estimé que la journée du « 11 mai 2008 est une journée historique dans la vie de l'université pour avoir décidé de renoncer à l'usage du tabac ». Il a cité, à ce propos, 25 maladies provoquées par ce fléau dont la rétinopathie, la surdité, la carie dentaire, les maladies cardio-vasculaires, l'ulcère d'estomac et le cancer du poumon. De son côté, Bachir Mechri, enseignant d'université et fumeur pendant 16 ans, a appelé les jeunes universitaires à éviter l'engrenage du tabac qui « consume aussi bien la santé que le budget » et à l'utilisation de l'argent dépensé pour l'achat de cigarettes dans la construction d'écoles et de structures sportives. En janvier 2008, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avait annoncé la préparation d'une nouvelle législation antitabac plus sévère, comme mesure supplémentaire dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac dans les lieux publics. Il avait à cet effet souligné que le nouveau texte en phase d'élaboration prévoit des sanctions plus contraignantes contre les personnes qui enfreindraient la loi. En 2000, une loi antitabac avait été promulguée mais n'a pas donné les résultats escomptés. Pour preuve, le tabac fait toujours des victimes. Selon des statistiques hospitalières, il est à l'origine de 90% des cancers du poumon en Algérie. La France a, depuis le 1er janvier 2008, décrété l'interdiction totale de fumer dans les lieux publics, cafés, restaurants, discothèques et casinos, après le Royaume-Uni, l'Irlande, Malte, l'Italie, la Suède et le Danemark. Il est d'ailleurs temps pour que les retardataires en fassent autant. Faut-il rappeler qu'en France, un fumeur en infraction encourt une contravention de 68 euros. Cafetiers et restaurateurs risquent 135 euros d'amende en cas de défaut d'affichage de la réglementation ou mise en place d'un emplacement fumeur non conforme.