La désignation de Ali Bouguera, secrétaire général de la wilaya de Sétif, à la tête de la wilaya de Bouira, suscite un espoir d'autant plus grand, que la région a particulièrement souffert du terrorisme, des troubles ayant éclaté dans la partie (est) berbérophone et d'une gestion caractérisée par des dysfonctionnements. Un exemple édifiant à ce sujet : l'ancien tissu urbain, qui constitue ce qu'on appelle communément l'ancienne ville, demeure inchangé alors qu'en 2000 un plan de restructuration et de modernisation, basé sur le respect du cachet architectural de ce tissu, a été élaboré pour donner à Bouira une image conforme à son statut de chef-lieu de wilaya. Aujourd'hui, non seulement les haouchs type de logements collectifs arabes, qui constituent une partie de ce tissu restent en l'état, mais les bidonvilles, à l'image de la cité Gouizi semblent prendre de l'ampleur. Et que dire alors des différents programmes de logements en souffrance, dont les retards accumulés dans la réalisation ont été dénoncés dernièrement par le ministre de l'Habitat et par le nouveau directeur de l'urbanisme et de la construction ? L'agriculture, clef de voûte de la politique agricole, qui cherche à exploiter rationnellement les potentialités d'une wilaya à vocation agropastorale avérée, tarde à porter ses fruits à travers les différents dispositifs d'aide mis en œuvre par l'Etat pour soutenir les efforts des agriculteurs. Conséquences dramatiques d'une gestion qui n'intègre pas les trois paramètres clefs de la réussite : dynamisme, pragmatisme et compétence. Le désespoir général pousse les populations aux émeutes, à la mendicité, à l'alcool, à la drogue, au suicide et à d'autres fléaux sociaux. « Si le wali n'a pas fait de mal, il n'a pas fait de bien non plus », dira un citoyen à propos de ce responsable appelé désormais à d'autres fonctions. On ne peut résumer de façon plus lapidaire la situation prévalant dans les différents secteurs de l'économie. Pourtant le potentiel humain existe, la preuve, une dizaine de cadres, dont d'anciens chefs de daïra, des secrétaires généraux sont réduits à se tourner pratiquement les pouces, confinés à des postes qui ne requièrent qu'occasionnellement et jamais entièrement leurs compétences. Des postes stratégiques vacants existent aussi qui, fonctionnant harmonieusement, auraient tiré la wilaya vers le haut. Si cela n'a pas été le cas, si les formidables moyens matériels et humains n'ont pas été employés à bon escient, de l'avis même de certains observateurs, c'est que l'ancien wali, mal entouré, mal conseillé, à qui on agitait sans cesse le spectre de troubles qui n'avaient aucune chance d'éclater, n'a jamais su prendre les décisions qui s'imposaient, libérant l'esprit d'entreprise et canalisant les énergies autour de projets structurants. Conclusion de ces mêmes observateurs : la wilaya, après sept ans de macération dans une expectative vaine, a raté le coach de la modernité et du développement. On mesurera l'attente de la population à l'aune de ce qu'elle endure et nous souhaitons voir changer ces sept ans de marasme complet. Le nouveau maître de la wilaya saura t-il répondre à tant d'attentes ?