Femmes, enfants et bagages. Des familles entières ont décidé de squatter les bâtisses non achevées de la cité 104-Logements de Tixeraïne pour manifester leur colère. Un mécontentement justifié pour les nombreuses familles qui attendent leur logement depuis plus de vingt longues années. Les murs sont bien là faisant foi d'un projet qui date de 1982 et qui a pris forme en 1989 sans jamais être fini. Les assemblées populaires se sont succédé sans jamais trouver solution au problème. Les familles ne comprennent pas et communiquent leur désarroi par de nombreuses correspondances, sans jamais être entendues. Rencontrés sur les lieux, mercredi dernier, où ils avaient décrété une grève de la faim, les bénéficiaires en colère ont déclaré leur ras-le-bol face à cette situation de blocage en réclamant une solution urgente. “La coupe est pleine”, s'écria un jeune à notre arrivée fulminant de rage rejoint par de nombreux autres qui d'une seule voix ont réclamé la délivrance de décisions d'affectation dûment écrites. “Ça fait des années que nous attendons. Y en a même qui sont morts sans jamais voir leur rêve se concrétiser. Aujourd'hui notre attente est conditionnée par une preuve que les autorités locales doivent absolument nous fournir à travers la délivrance de la décision d'affection”, ont-ils dit. Le projet avait démarré dans le cadre du logement social pour être transformé des années après en logement social participatif. Autrement dit, les familles bénéficiaires se retrouvent dans l'obligation de s'acquitter d'une somme conséquente. N'ayant pas le choix, de nombreuses familles se sont exécutées en vain. Le problème reste entier. “Il existe 32 bénéficiaires de Tixeraïne en plus des autres qui viennent d'un peu partout. Ce n'est pas juste, nous sommes prioritaires parce que nous sommes de cette localité depuis fort longtemps et la plupart des familles sont les enfants et les frères d'illustres moudjahidine et chouhada de la localité tels que Saïd Hamdine, les frères Aoudia, Bouadou, les Kacem et la liste n'en finit pas… C'est injuste de se sentir ainsi exclus et abandonnés”, se sont plaints les jeunes du quartier. Pour sa part, le président de l'association créée pour la circonstance a indiqué qu'il “y a réellement anguille sous roche concernant ce projet qui est normalement pris en charge par l'APC. Pourquoi la part payée par le bénéficiaire est-elle versée directement dans le compte du prometteur au lieu d'être confiée au receveur de l'APC”, s'est-il interrogé. “Ils sont en train de grignoter sur l'assiette de terrain prévue pour le projet afin de réaliser des villas. Il y aurait même des logements qui auraient été vendus à des gens qui ne font pas partie de la liste des bénéficiaires”, dira-t-il en réclamant au wali d'Alger d'ouvrir une enquête. M. Cheradi, wali délégué de Bir-Mourad-Raïs a reconnu pour sa part que le projet des 104 logements de Tixeraïne est un dossier épineux dans la mesure où il se particularise par une non-conformité administrative totale. “Nous avons fini par trouver une solution”, a-t-il assuré en précisant que les protestataires ont fini par quitter les lieux. “Les bénéficiaires sont identifiés et ils auront leur logement”, a-t-il assuré en indiquant qu'un contrat a été signé entre l'APC et le promoteur pour livrer dans un délai déterminé. N. S.