L'Algérie compte actuellement quelque 177 000 artisans dont plus des deux tiers exercent dans l'informel. Les artisans représentaient 3% de la population active en 2003 contre 10% en 1966. Si pour l'artisanat des services (plomberie, boulangerie, coiffure...) le problème ne se pose pas de manière cruciale, pour l'artisanat traditionnel et d'art par contre, il en est tout autrement. Celui-ci se débat, en effet, dans une situation d'abandon total. Trois problèmes majeurs découragent cette catégorie de professionnels déjà fragile et vulnérable de poursuivre l'exercice de son métier. Le premier est lié à l'absence d'un réseau organisé de distribution et de commercialisation. Les difficultés ont commencé à se faire sentir avec la dissolution de la Société nationale de l'artisanat traditionnel (SNAT) en 1987. Cette dissolution a coïncidé avec le début de la décennie noire qui a fait fuir les touristes, constituant la principale clientèle. Aujourd'hui, le ministère de la PME et de l'Artisanat a du pain sur la planche. Il s'agit de redresser la situation d'un secteur voué à l'abandon et toujours en proie à des difficultés de toutes sortes, notamment la commercialisation de ses produits. Dans ce sens, 18 galeries ont été aménagées dans plusieurs wilayas du pays. D'autres structures encore sont prévues dans la même optique telles que les maisons de l'artisanat qui seront exclusivement consacrées à la vente des objets artisanaux. Mais il reste que l'approvisionnement en matière première est l'un des handicaps majeurs pour le développement de la profession. Selon le ministre du secteur, Mustapha Benbada, il existe de véritables spéculateurs de l'approvisionnement issus du secteur privé. Ces derniers ont monopolisé le marché et agissent directement sur la hausse des prix de la matière première pénalisant du coup les artisans. La plupart des fournisseurs importent leur marchandise de Turquie, d'Espagne et surtout d'Italie. Le département de l'artisanat tente de casser le monopole de ces fournisseurs privés qui sont tenaces. A ce propos, un opérateur a été autorisé à monter une usine de production de lames de cuivre. Cet entrepreneur se serait engagé à vendre ses produits à des prix très abordables. Mais une hirondelle peut-elle faire le printemps ? Selon le ministre, les Chambres d'artisanat et des métiers (CAM), qui ont un statut d'Epic, pourraient être amenées à importer et à commercialiser la matière première. Sur un autre registre, les artisans qui ont des difficultés à écouler leurs produits sur le marché local souhaitent investir le marché international où, dit-on, un certain intérêt a été remarqué lors des salons à l'étranger. Mais le niveau des barrières douanières constitue un obstacle pour l'accès de nos produits au marché extérieur. Seulement, l'on mise d'ores et déjà sur la suppression des tarifs douaniers avec l'entrée en vigueur prochaine de l'accord d'association avec l'Union européenne et la future adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais ce n'est pas tout, parce que, par ailleurs, on avance une autre difficulté liée à la qualité des produits artisanaux algériens. La prise en charge de cet aspect important impose la mise en place d'un programme de formation au profit des artisans pour l'amélioration de la qualité. On sollicite à ce sujet la longue expérience des Tunisiens. En attendant, les artisans algériens devraient se contenter des recettes réalisées dans les manifestations commerciales internationales. Il est à rappeler qu'en 2003, le montant des exportations a atteint 5 millions de dollars. Un montant qui reste dérisoire si on le compare aux revenus des pays voisins comme la Tunisie qui réalise des bénéfices entre 250 et 300 millions de dollars annuellement.