Le syndicat de Cnan Maghreb Lines (CML), filiale de la compagnie nationale algérienne de navigation, lance un véritable cri d'alarme suite à l'arrêt total de l'activité de cette entreprise. Au total, ils sont 250 employés qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis 9 mois. Ils interpellent le chef du gouvernement afin qu'il surseoit à la résolution du conseil des participations de l'Etat (CPE) qui a scellé le sort de la CML en décidant sa dissolution. Dans une conférence de presse animée jeudi dernier à l'Union locale Ugta de Bab El Oued (Alger), Djebbara Ali, représentant du collectif des travailleurs, a déclaré que l'ensemble des travailleurs a décidé d'ester en justice l'entreprise française Gofast/Aigle Azur. Selon M.Djebbara, les choses ont commencé à se corser pour la CML au lendemain du «retrait de l'entreprise française Gofast/Aigle Azur avec laquelle un contrat de partenariat avait été signé en attendant un contrat de cession qui ne sera jamais conclu.» Il y va de l'avenir de 250 travailleurs. Ces derniers ne comprennent pas la décision des pouvoirs publics du moment que leur entreprise était bien partie pour s'imposer dans le marché du transport maritime des voyageurs et des véhicules. «En moins de 3 ans, on a réussi à avoir une part de marché de 20%, en assurant des dessertes vers la France, l'Espagne et la Tunisie. Nous avons transporté plus de 53.000 voyageurs et 14.000 véhicules en 2007. Nous avons cumulé un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros pour un seul navire.» M.Djebbara indiqua, d'autre part, que la mise en oeuvre de la résolution du CPE sera lourde de conséquences pour le Trésor public. «L'Etat va devoir, non seulement, payer le volet social estimé à 120 millions de dinars, les dettes de l'entreprise qui s'élèvent à 500 millions de dinars, mais aussi et surtout les frais du fret sur 3 ans d'un navire auprès d'un armateur grec pour 14 millions de dollars», souligne-t-il. Un autre opérateur était prêt à reprendre la CML. Il s'agit de l'entreprise américaine Mundi Travel qui s'engageait à investir 8 millions d'euros pour le développement de cette filiale de la Cnan, dont 2 millions d'euros dans le cadre de la prise de participations à hauteur de 51% du capital de la CML. Les négociations avec ce partenaire américain ont été interrompues à la veille de la décision de dissolution de la CML le 23 mars dernier, au grand dam des travailleurs qui avaient placé de grands espoirs dans la perspective d'une reprise par Mundi Travel. Le collectif des travailleurs mène depuis, une véritable course contre la montre pour empêcher que cette option soit effective sur le terrain. Ainsi, celui-ci a saisi, tour à tour, le chef du gouvernement, le ministre des Transports, le président de l'Assemblée populaire nationale et le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens afin de les sensibiliser sur la situation de cette entreprise.