La publication de la liste des 80 bénéficiaires de logements sociaux établie par l'APC d'El Kerma (20 km à l'ouest d'Oran) a mis le feu aux poudres. La population locale, en signe de protestation aux très nombreuses irrégularités constatées dans ces listes, a fermé, hier matin, cinq heures durant, la circulation au niveau de la RN 4. La tension était vive au point où le pire a failli avoir lieu, vu la détermination de certains à « faire éclater une bonne fois pour toute l'abcès. » Il a fallu tout le tact des éléments de la gendarmerie nationale, présente en renfort, et le dialogue amorcé par le wali d'Oran qui a reçu une délégation de 7 personnes, pour que la tension baisse et que le « siège de la RN 4 » soit levé aux environs de 13h30. Selon un délégué reçu par le wali, celui-ci leur aurait demandé d'établir un état de tous les « indus » et les bénéficiaires non concernés par les logements sociaux en vue « d'ouvrir une enquête administrative », et de présenter une plate-forme résumant leurs doléances et leurs préoccupations. « Nous demandons l'annulation pure et simple de cette liste et nous exigeons le départ du P/APC et de toute son équipe », ajoute la même source qui précise qu'un rendez-vous a été fixé pour ce samedi afin de remettre les documents demandés par le wali. La population d'El Kerma, qui attend depuis 1999 la distribution de ces logements sociaux, a été outrée de constater que seuls une trentaine de bénéficiaires méritent d'en bénéficier, « les autres sont des proches des élus et des étrangers à la commune. Il y a même des entrepreneurs parmi les bénéficiaires », constate un membre de l'UNJA locale. Des doigts accusateurs sont pointés vers le staff de la commune qui refuse d'être à l'écoute des citoyens et qui ferme les portes du dialogue. « Les bénéficiaires de l'emploi des jeunes n'ont pas perçu un dinar depuis une année ! », crie, à l'adresse des journalistes, un citoyen. Un autre fera remarquer qu'hier, aucun élu n'est venu à leur rencontre. « C'est normal, ils ont tous quelque chose à se reprocher », lui répond son voisin.