Un jeune Marocain frappé d'une décision d'expulsion reçoit un appel sur son téléphone portable. C'est le frère de Hassan, son voisin de chambre, dans l'établissement, ouvert il y a une semaine à Turin, et géré par la Croix-Rouge. Constatant que Hassan ne répond pas, son ami s'approche de lui et lui demande s'il allait mieux. Hassan ne répond toujours pas. C'est alors que son voisin découvre l'atroce vérité : recroquevillé sur le flanc, le malade est froid et rigide, et de l'écume sort de sa bouche. Il est mort en pleine solitude sans pouvoir demander de l'aide. Vendredi soir, les occupants du centre alertés par son état de santé détérioré avaient pourtant demandé de l'aide aux gardes. Un médecin de la Croix-Rouge lui avait administré un médicament et expliqué qu'avant le lendemain matin, il était impossible de faire appel à un médecin des urgences. Plus tard, dans la nuit, l'état de Hassan s'est empiré et ses amis affirment avoir appelé les gardes pendant une vingtaine de minutes, en vain. Ils sont plusieurs dizaines de Maghrébins à être parqués dans cette structure, où ils risquent de moisir pendant 18 mois, en vertu de la toute nouvelle loi sur l'immigration, voulue par le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, l'un des leaders du parti xénophobe de la Ligue du Nord. Avant, la détention d'un immigré qui a reçu la notification de son expulsion du territoire italien ne pouvait pas dépasser les soixante jours. Ce décès subit de Hassan, originaire de Casablanca, 38 ans, soigné pour désintoxication par la Métadone, a fortement choqué les autres détenus, tous Maghrébins (Tunisiens, Marocains et Algériens), en attente d'être éloignés du territoire italien, car sans autorisation légale à séjourner dans la péninsule. Pour leur part, les autorités locales de la ville de Turin ont dépêché les gros moyens sécuritaires pour prévoir toute rébellion violente et les forces d'intervention rapide se sont postées aux alentours du centre Brunelleschi. Des parlementaires italiens du parti radical et de celui des communistes se sont déplacés pour visiter le centre et s'enquérir des véritables circonstances qui ont entraîné la mort de Hassan Nejl. D'un premier examen effectué sur le corps de la victime, il s'est avéré que le décès était dû à une « brutale asphyxie provoquée par une pneumonie foudroyante ». Les compagnons de Hassan affirment qu'il aurait pu être sauvé s'il avait été secouru. L'un d'entre eux a même tenté de se suicider hier, alors que tous observent une grève de la faim et refusent de prendre les médicaments que l'administration leur distribue. La situation des sans-papiers détenus, alors qu'ils n'ont commis aucun crime, risque d'empirer, car le gouvernement italien s'apprête à faire voter par le Parlement la nouvelle loi qui considère comme délit l'entrée illégale en Italie et expose le contrevenant à une peine de prison allant de 6 mois à 4 ans.