Constat n La population smaratie est très jeune. On voit beaucoup d'enfants, de jeunes, notamment des filles de moins de 30 ans dont la majorité est mariée ou fiancée. On arrive vers 16h dans la wilaya de Smara qui compte un nombre important de femmes. Selon Mohamed, un jeune militaire en permission, les hommes sont dans les zones militaires comme Tifariti ou bien répartis à travers le monde pour étudier, représenter leur pays ou travailler. Et voilà une femme, khalti Fatma, la cinquantaine, qui nous attend enveloppée dans sa «melhfa» multicolore, elle nous reçoit à djedeiria, l'une des daïras de la wilaya de Smara. Elle insiste pour nous aider à porter nos bagages. On traverse une longue ruelle sableuse sur près de 600 mètres pour enfin arriver à une kheïma de couleur verte. Mais, avant, on s'installe dans une pièce en terre, peinte à la chaux. C'est une grande chambre couverte de tapis et de matelas sans plus. La dame s'absente pour revenir avec sa sœur Talia, une veuve qui a perdu son mari à la guerre, sa nièce Menasra 20 ans et sa voisine Mebarka 38 ans. «Le thé est préparé sur place sur la braise «N'teyyou» (on fait du thé) quotidiennement avec ou sans invités du matin au soir et sans nous fatiguer», commente khalti Fatma. La nuit commence à peine à tomber et khalti Fatma se précipite dans la cour pour rentrer, dans la cuisine construite en terre, le petit outil solaire posé sur le sable jaune et ainsi le mettre à l'abri de l'humidité. Elle prend la lourde batterie pour la brancher, quelques heures seulement, à 2 fils afin d'illuminer la chambre grâce à l'énergie solaire. Incroyable ! Il est 22 heures. Le dîner est prêt. Au menu «maro» (le riz en hassani), une jardinière à la viande de chèvre et un hors-d'œuvre avec un peu de mayonnaise. A 23h 30 et au bout du quatrième thé, on sort prendre l'air en pleine obscurité. Seul éclairage : la lune et les étoiles qui donnent l'impression d'être à quelques mètres au-dessus de nos têtes. Une magnifique vue panoramique sous forme de tableau lumineux au-dessus de nous !!. «Vous avez des tentes dans la nature et la lumière naturelle on dirait un vrai hôtel sous les étoiles et la lune ?!», commente une femme. On avance difficilement et, un peu plus loin, à la lumière des téléphones portables et des petites torches, on rencontre un groupe de femmes assises à même le sol, en train de bavarder sous les étoiles «Yak el Khir, yak labasse ?». C'est tout ce que nous avons retenu du langage hassani des femmes qui faisaient des efforts pour communiquer avec nous. «Chaque soir, les voisines se rencontrent au même endroit pour discuter, chanter et oublier la fatigue de pénibles journées», nous dit une vieille dame d'une soixantaine d'années. «Mais comment reconnaître cet endroit ?», leur avons-nous demandé. «Nous avons de grands yeux ma fille ! et nous nous repérons à la lumière de la lune», nous a répondu une autre en rigolant. La femme sahraouie est libre comme l'air. L'homme lui fait totalement confiance et elle peut se déplacer, selon el hadja Sallam Bouha, sans avoir besoin de la permission du mari ou du frère.