Endormie sous le soleil, elle semble ignorer l'espace et le temps. Ses palmiers, ses multiples jardins aux parfums exaltants et ses sources limpides inspirent le poète à la recherche d'un havre de paix... Messaâd, l'ancienne et la nouvelle ville, a été érigée en daïra lors du découpage administratif de 1974. Située à 87 km au sud-est de Djelfa, elle est reliée à plusieurs wilayas importantes (Laghouat, Ghardaïa, Ouargla et Biskra). Sa situation géographique stratégique en fait une ville ouverte sur un avenir plein d'espoir et de défis. Ses habitants tentent de récupérer sa gloire historique par une vision réaliste en investissant sur la mise en valeur du patrimoine historique, naturel, culturel et social d'autant que Messaâd a été classée ville touristique. En fait, l'aura de cette ville est bien antérieure à 1974. Elle fut fondée au IIe siècle par les Romains qui y laissèrent des vestiges. Le fort Castellum Dimmidi construit en 193 porte encore le même nom. Un patrimoine riche et varié se trouve au niveau de Dachret El Baroud, El Gaâda et Demmed où un lot d'ustensiles de cuisine de l'époque romaine a été découvert récemment. Des monuments funéraires viennent s'ajouter aux centaines de gravures rupestres qui constituent ce patrimoine. Né vers 1300 à Feguig, au Maroc. Sidi Naïl le père des Ouled Naïl connu pour sa bravoure et sa sagesse fut gouverneur de Seguiet El Hamra. Il se rendra en Algérie en quête de savoir et de fortune. Son itinéraire le conduira jusqu'à Aïn Rich (M'sila). Son petit-fils Aïssa s'installera à Messaâd. Sa descendance serait de près d'un million de Naïlis constituant la tribu des Ouled Aïssa, vivant sur une superficie de 9744,47 km2. De cette époque, il est resté un patrimoine culturel important : la Kheima dite El Beit El Hamra entièrement tissée par les femmes de la région qui peut contenir plusieurs centaines de personnes ; la fantasia, exhibition de pur-sang arabes montés par des cavaliers experts parés du burnous ouabri qui coûte une petite fortune (jusqu'à 120 000 DA), portant la chaussure traditionnelle entièrement faite à la main, les tapis aux couleurs chatoyantes, l'artisanat ou encore la cuisine composée essentiellement du rfis, du couscous et du méchoui (agneau entier cuit à la braise). Aussi, dans le but de préserver et de promouvoir ce patrimoine, un office local de tourisme a été créé au mois de janvier 2000. Aujourd'hui, les activités de cette association se limitent à représenter la wilaya à l'occasion de manifestations culturelles nationales et internationales (salons de l'artisanat et folklore). Les attestations de succès et les prix d'honneur ne sont pas d'une grande importance quand l'office local de tourisme n'a pas les moyens de sa politique. L'association, qui ne possède même pas de local, ne bénéficie pas d'aide financière non plus, selon le responsable de l'office, qui déplore la dégradation du patrimoine historique due aux agressions climatiques et surtout humaines. « Les sites sont abandonnés et personne ne profite de ces richesses », nous dit un membre de l'association qui affiche un sourire narquois lorsque nous évoquons la promotion du tourisme dans la région. « Nous serions très heureux si nous pouvions d'abord protéger notre patrimoine. Sa promotion, c'est une autre histoire. » Les responsables de l'office se trouvent actuellement au Palais des expositions pour participer au Salon international de l'artisanat inauguré le 29 juin et qui se tient jusqu'au 6 juillet. Au mois de septembre prochain, ils seront les invités des Bruxellois. L'oasis oubliée mérite plus d'intérêt de la part des responsables concernés.