A quoi obéit la décision du gouvernement israélien d'intensifier son processus de colonisation des territoires palestiniens ? D'aucuns mettraient la décision en ce sens, annoncée hier, sur le compte de la simple surenchère de la part d'un cabinet sur le départ et qui multiple, par ailleurs, les discours de paix, comme le laisse croire la rencontre annoncée pour aujourd'hui entre le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne. Mais indéniablement, ce n'est rien d'autre que la poursuite d'une politique engagée dès le début de l'occupation israélienne en 1948, et cette décision n'est pas seulement partagée par tous les hommes politiques israéliens de quelque bord qu'ils soient, mais elle figure en tête de ce que les Israéliens appellent les questions consensuelles. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'Israël ait annoncé, hier, la relance de la colonisation dans le secteur oriental d'El Qods, occupé et annexé. En fait, c'est la poursuite du processus en question et cette annonce a été faite à la veille d'une nouvelle rencontre entre Ehud Olmert et le président Mahmoud Abbas. Et tout a été fait pour que l'appel d'offres en ce sens soit dévoilé à l'occasion du 41e anniversaire de l'occupation de ce secteur de la Ville sainte, celle-ci ayant eu lieu en juin 1967. Un des principaux négociateurs palestiniens, Saëb Erakat, a aussitôt sévèrement condamné cette mesure comme « toutes celles qui perpétuent la colonisation ». « Les Etats-Unis doivent y mettre un terme. Il est clair que les efforts de paix vont être affectés par cela », a-t-il enchaîné. De quoi vont donc parler MM. Olmert et Abbas qui doivent se retrouver dans le cadre de négociations visant à conclure un accord sur la création d'un Etat palestinien avant la fin du mandat du président américain, George W. Bush, en janvier 2009. Normalement dira-t-on, alors que les Israéliens se révèlent comme les tueurs d'espoir, bien que les Palestiniens ne se font absolument aucune illusion sur les tractations en cours. Leur dernière rencontre remonte au 5 mai dernier et leurs discussions se dérouleront, alors que la classe politique israélienne se prépare à d'éventuelles élections anticipées en raison d'une affaire de corruption mettant en cause M. Olmert. Selon divers responsables politiques israéliens, ce scrutin pourrait se tenir en novembre prochain, alors que la législature s'achève normalement en novembre 2010. Les pourparlers de paix israélo-palestiniens portent sur les questions-clés du conflit (tracé des frontières, statut d'El Qods, sort des colons et des réfugiés palestiniens) et ont été relancées en novembre à Annapolis (Etats-Unis) après sept ans de gel. Elles n'ont pour l'heure connu aucune réelle percée. Dans le cadre d'un accord permanent négocié avec les Palestiniens, Israël espère notamment assurer sa mainmise sur de grands blocs d'implantations en Cisjordanie et les quartiers juifs d'El Qods, à la faveur d'échanges territoriaux. La « feuille de route », un plan international de paix lancé en 2003, prévoit notamment la fin des violences et le gel de la colonisation juive. Le 21 mai, l'Etat hébreu avait annoncé le lancement d'un appel d'offres pour la construction de 286 logements dans la colonie de Betar Ilit, au sud d'El Qods. Plus de 200 000 Juifs ont été installés depuis 1967 dans une douzaine de quartiers de colonisation érigés dans le secteur oriental d'El Qods. Selon des statistiques publiées, dimanche dernier, par l'Institut de Jérusalem pour les Etudes d'Israël, la Ville sainte comptait fin 2007 489 480 Juifs et 256 820 Palestiniens. Ce que ces derniers appellent aussi la judaïsation de leurs territoires. De rares organisations internationales mettent en garde contre ce processus, considérant Israël comme une puissance occupante, soumise en principe aux différentes conventions internationales. Mais qui s'en soucie ?