Les Palestiniens ont célébré hier dans une atmosphère de tristesse le deuxième anniversaire du décès d'Abou Ammar. Tristesse non seulement au souvenir de celui qui porta à bout de bras l'idéal d'indépendance palestinienne, mais également au lendemain de la tuerie de Beit Hanoune, qui rappelle amèrement que les territoires palestiniens sont toujours occupés, que les Palestiniens sont loin de voir le bout du tunnel. C'est le 11 novembre 2004 que s'est éteint, à l'âge de 75 ans, Yasser Arafat, dirigeant historique et père de la révolution palestinienne. Une cérémonie eut lieu hier, devant le mausolée, à Ramallah, en présence du président Mahmoud Abbas. Des milliers de personnes sont venus rendre hommage au défunt président palestinien, héros de la guerre de libération. Une autre solennité s'est déroulée dans la cour de la Mouqatara, siège de la présidence de l'Autorité autonome palestinienne, lors de laquelle le président Abbas a prononcé un discours. Yasser Arafat est ainsi parti sans avoir pu réaliser les deux voeux qui lui tenaient le plus à coeur: proclamer l'Etat palestinien indépendant et voir El Qods. Un Etat palestinien qui n'est toujours pas près de voir le jour, tant du fait de la cécité de la «communauté internationale» qui refuse de prendre ses responsabilités dans le dossier israélo-palestinien, que du fait des désaccords entre la mouvance islamique et le Fatah, principal formation politique palestinienne, mettant quasiment en stand by l'avenir immédiat des territoires palestiniens. Aussi, la situation dans les territoires palestiniens occupés s'est-elle passablement détériorée depuis la disparition du président Arafat alors que l'anarchie et l'insécurité sont devenues maîtres des lieux, notamment dans la bande de Ghaza. L'arrivée des islamistes du Hamas au pouvoir, loin d'améliorer la situation des Palestiniens, au plan sécuritaire et social notamment, a, au contraire, induit un blocage aggravé par le boycott financier imposé par l'Occident à l'Autorité palestinienne en relation directe avec la gouvernance islamiste du Hamas. En effet, l'Occident a suspendu l'aide qu'il octroyait aux Palestiniens tant que le mouvement Hamas ne se détermine pas par rapport au terrorisme, à Israël et aux accords précédents signés entre Israël et les Palestiniens (OLP). Dans l'allocution prononcée hier, à l'occasion du deuxième anniversaire de la mort du président Arafat, le président Mahmoud Abbas a réitéré le fait qu'il n'y aurait «ni sécurité ni paix» sous «l'occupation et la colonisation» israéliennes. «La paix et la sécurité ne se réaliseront pas sous l'occupation, la colonisation et l'annexion de Jérusalem (Est) par Israël. Le peuple palestinien n'abandonnera pas un centimètre de sa terre et, avant tout, de Jérusalem» a, encore affirmé M.Abbas qui parlait devant des milliers de personnes rassemblées à Ramallah. «Si Israël veut la paix, il doit appliquer les décisions internationales et se retirer des territoires palestiniens et arabes jusqu'à la ligne verte de 1967, ainsi que reconnaître nos droits nationaux», a dit le président palestinien, qui ajoute: «Nous avons choisi la voie de la paix et des négociations et nous avons initié la trêve unilatérale et nous avons favorablement accueilli un rôle actif du Quartette (pour le Proche-Orient), mais le gouvernement israélien perd une opportunité en fuyant la table des négociations». Le président Abbas conclut en indiquant que «le temps est venu pour le gouvernement israélien de savoir que la poursuite de l'occupation et de la colonisation de nos terres est une chose impossible et que les forces militaires (...) ne briseront pas notre volonté». Ce message du président palestinien, qui est surtout un message de paix en ces moments solennels, sera-t-il pour autant entendu par Israël qui n'a jamais su écouter les voix de la sagesse comptant sur la force militaire pour imposer aux Palestiniens son diktat. Mais quarante ans d'occupation, sans qu'Israël puisse s'imposer aux Palestiniens montrent bien la vanité de la force dans un contentieux dont la solution, ne peut être que politique. Par ailleurs, le président Abbas a annoncé, hier, qu'un gouvernement d'union «verra le jour avant la fin du mois» et «brisera le siège» international, lors du discours commémorant le deuxième anniversaire de la mort de Yasser Arafat. «J'apporte une bonne nouvelle à notre peuple: nous avons réalisé une grande avancée sur la voie de la formation d'un gouvernement d'union nationale qui peut briser le siège et ouvrir un horizon vers une solution politique afin de mettre fin à l'occupation pour toujours», a indiqué M.Abbas. «Ce gouvernement verra le jour avant la fin du mois», a-t-il assuré. Notons que le Premier ministre palestinien, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait affirmé lors du prêche du vendredi, qu'il était disposé à se retirer de la chefferie du gouvernement si ce geste devait débloquer la situation dans les territoires palestiniens et ouvrir la voie à la formation d'un cabinet d'union nationale.