La nomination de Benjamin Netanyahu au Premier ministère remet en cause le processus de paix engagé avec les Palestiniens Le chef de la droite en Israël, Benjamin Netanyahu, hostile à la création d'un Etat palestinien, a été formellement chargé vendredi de former le gouvernement issu des législatives du 10 février. D'emblée, M.Netanyahu, 59 ans, a annoncé qu'il plaçait l'Iran en tête de ses priorités après avoir reçu, selon l'usage, du président israélien Shimon Peres une lettre lui confiant la tâche de former le gouvernement, à la présidence à Jérusalem. Assuré d'une majorité de 65 députés sur 120 grâce au soutien de l'extrême droite et des formations religieuses, M.Netanyahu devra présenter son cabinet à la Knesset (Parlement), pour un vote d'investiture, dans un délai de 28 jours, prolongeable de 14 jours La nomination de Benjamin Netanyahu au Premier ministère remet en cause tout le processus de paix engagé avec les Palestiniens ces dernières années. Le président israélien semble ainsi avoir pris son parti de prolonger de quelques décennies le calvaire des Palestiniens en chargeant des personnalités hostiles à la paix de former le futur gouvernement israélien. Prenant la mesure de cette décision, l'Autorité palestinienne a annoncé hier qu'elle ne traiterait pas avec le gouvernement israélien que le chef de la droite Benjamin Netanyahu a été chargé de former s'il se dérobait à la paix. «Nous ne traiterons pas avec le gouvernement israélien sauf s'il accepte un règlement basé sur deux Etats, d'arrêter la colonisation et de respecter les accords passés», a déclaré le porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina. A Ghaza, le mouvement islamiste Hamas, dont M. Netanyahu préconise le renversement, a estimé qu'Israël avait opté pour un dirigeant «plus extrémiste» que le Premier ministre actuel Ehud Olmert. Catégoriquement opposé à l'origine aux accords sur un régime d'autonomie palestinienne conclus en 1993, M.Netanyahu en avait réduit la portée lorsqu'il était au pouvoir, pour relancer à grande échelle la colonisation juive dans les territoires palestiniens. Hostile à la création d'un Etat palestinien qui disposerait d'une réelle souveraineté, il a maintenu le flou sur ses intentions lors de sa dernière campagne électorale. Dans son discours devant le président Peres, il n'a pas mentionné les Palestiniens. Il a fait miroiter la perspective d'une «paix économique», ce qui reviendrait à un régime d'autonomie élargie, alors que les Palestiniens réclament un Etat indépendant dans tous les territoires occupés depuis 1967. De son côté, la chef du Kadima, Tzipi Livni, a publiquement écarté hier la participation de son parti à un gouvernement dirigé par le chef de la droite israélienne Benjamin Netanyahu, à l'issue d'un entretien avec le président Shimon Peres. Elle a réaffirmé que le Kadima (centre droit) «veut une solution de paix basée sur deux Etats», un Etat palestinien aux côtés d'Israël, accusant le futur gouvernement Netanyahu, basé sur l'extrême droite, de s'y opposer. «Les choses sont désormais claires. C'est un gouverenement sans vision politique» que M.Netanyahu va mettre en place, a déclaré Mme Livni à la radio publique. «Un tel gouvernement n'a aucune valeur et je ne lui servirai pas de caution» a-t-elle souligné.