De nombreux appels aboutissent au 3033, ce numéro vert mis en place par le réseau Nada pour signaler les cas de violence contre les enfants. Beaucoup de correspondants recherchent un accompagnement juridique et psychologique et 50% du travail des opérateurs de ce centre sont consacrés à l'écoute. Depuis son lancement il y a vingt jours, le numéro vert 3033 destiné à dénoncer les éventuelles maltraitances ou violences à l'égard des enfants reçoit quotidiennement des appels dont la moyenne a tendance à augmenter. C'est ce qu'a affirmé, Arar Abderrahmane, président du Réseau algérien pour la défense des droits de l'enfants (Nada), initiateur de cette opération. Dans une déclaration à El Watan, M. Arar a indiqué que l'idée de lancer un numéro vert a pour objectif d'inciter les gens à signaler des cas de violence contre les enfants, mais aussi à demander une aide psychologique et juridique que peuvent engendrer de telles situations. « Depuis son lancement, il y a près de trois semaines, les appels sont nombreux et se situent à plusieurs niveaux. D'abord, pour s'informer sur les procédures afférentes aux plaintes pour maltraitance, mais aussi pour demander une assistance ou un accompagnement psychologique et juridique. Il y a aussi de nombreux signalements de cas de violence, surtout en milieu familial... », a noté le président de Nada. Selon lui, 50% du travail de ce centre d'appel, c'est l'écoute. « Les gens qui souffrent ont tous besoin de parler et de se faire entendre. Les appels que nous recevons ne viennent pas uniquement de personnes témoins d'actes de violence, mais aussi des auteurs de ces violences, ou encore de personnes en détresse sur le point de se suicider. C'est le cas, par exemple, d'une mère célibataire qui voulait mettre un terme à sa vie parce qu'elle refusait d'accepter sa situation. Les conseillers qui reçoivent les appels sont tous des psychologues. Leur mission est d'écouter, informer et orienter les appelants. Ces appels seront par la suite transférés vers le conseil consultatif composé de juristes, sociologues et psychologues, dont le rôle est d'analyser le contenu de l'appel, mesurer son urgence et identifier les intervenants à même de prendre en charge le cas présenté. » M. Arar a estimé par ailleurs que les maltraitances intrafamiliales sont dans la majorité des cas à l'origine de la délinquance juvénile, et mettent de ce fait les enfants en danger moral. « Nous espérons qu'avec ces appels nous pourrons intervenir avant la dérive et en même temps attirer l'attention sur les violences à l'égard des enfants », a conclu notre interlocuteur. A ce titre, le président du réseau Nada a rendu publique, hier, à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, une déclaration dans laquelle il regrette que cet événement soit accueilli cette année avec de nouveaux défis : « enlèvements, séquestrations, assassinats, viols et violences physiques et morales. « Le cas de Yasser retrouvé mort après avoir été violé, de Farid retrouvé mort au fond d'un puits, de Chahinez, Walid, Ameur, Sahar et d'un nombre élevé d'enfants kidnappés en 2007 témoignent douloureusement de ces actes criminels prémédités exécutés par des adultes... ». Le réseau a rappelé « à toute personne consciente et soucieuse de l'avenir des enfants » l'existence du numéro vert qui, selon lui, offre la possibilité de lever le voile sur toutes les formes de maltraitance que subissent les enfants, « parce que leur bonheur ne peut être compromis par la loi de l'omerta ». Tout en félicitant l'adoption par le gouvernement de la stratégie nationale de lutte contre les violences à l'égard des enfants, le réseau Nada a estimé que la mise en place de celle-ci doit constituer « une priorité » dans le but de « répondre à un besoin urgent et nécessaire » de prise en charge de la catégorie des enfants en difficulté. Pour le réseau, tous les mécanismes de protection ont montré leur incapacité à répondre aux besoins spécifiques, notamment en matière d'écoute, d'accompagnement juridique et psychologique et de protection sociale de cette frange vulnérable de la société qui représente 13 millions d'enfants. Une situation qui implique, a indiqué le communiqué, la concentration conjointe des efforts tant des pouvoirs publics que la société civile afin de garantir la sécurité aux enfants. A cet égard, le réseau a plaidé pour l'installation rapide d'un « délégué de l'enfant » qui portera la voix de ce dernier aux pouvoirs publics, mais aussi d'un « Haut conseil de l'enfant », organisme officiel et supérieur « chargé de la mise en œuvre des stratégies et plans nationaux de protection de l'enfance, avec l'aide et la coopération conjointes du gouvernement et de la société civile ».