Ce n'est pas un problème de flashage de démo. L'écran était noir parce qu'il le voulait bien. Et de l'autre côté, personne n'a cherché des images d'Oran à l'ENTV, ni de Chlef, ni encore d'autres qui évoqueraient les « événements insignifiants » de Berriane. Pour l'ENTV et ceux qui la dirigent, il ne se passe rien en Algérie, à part l'inauguration d'une citerne d'eau à Aïn Nachfa par le ministre des Ressources en eau ou le message d'amitié du président du Kaktchatchewan transmis au président de la RADP parce qu'il survolait son territoire en allant faire du surf dans le Pacifique. L'ENTV n'a pas la mission d'informer, mais par contre sur internet, la nouvelle télévision parallèle, il y avait tout. Toutes les images, sur Daily Motion ou Youtube, sites populaires où les Algériens déposent leurs images prises à l'aide de leurs téléphones portables et où les autres Algériens regardent les images de leur pays que leur télévision refuse de donner. Les autorités ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Pendant les émeutes, la police se saisissait des téléphones pour voir s'ils ne contenaient pas d'images de la réalité interdite. Autrefois, on fouillait les poches et maintenant ce qu'il y a dans les téléphones. Perdues dans leurs derniers retranchements, les autorités surveillent encore les télex, savent qu'ils ont déjà perdu la guerre de l'image, mais continuent de croire qu'ils contrôlent quelque chose. Sur le mode Corée du Nord, on ne combat pas l'événement mais l'image qui la retransmet. Le ministre de l'Intérieur, jeune branché communications électroniques, internet et jeux vidéos en réseaux, a d'ailleurs été très clair à propos des incidents de Berriane : « Pour nous, le complot de l'étranger ne fait plus l'ombre d'un doute. » La preuve ? Des adresses e-mails étrangères trouvées sur des ordinateurs. Evident. Question, quand est-ce qu'on les débranche ?