Pour une première internationale dans la ville du Vieux Rocher, le séminaire sur la réhabilitation et la requalification du patrimoine bâti, organisé du 2 au 4 mai par l'université Mentouri et la wilaya de Constantine, a été un champs fertile pour l'échange des outils et des démarches de travail, d'autant que la rencontre a vu la participation, durant trois jours, d'éminents spécialistes venus des pays qui cumulent un capital expérience très appréciable en matière de sauvegarde du patrimoine, à l'exemple de la Tunisie, du Maroc, de la France, de l'Italie et même du Portugal, du Liban et du Canada. « La réalisation d'un séminaire dans le domaine de la récupération du patrimoine est toujours, pour nous tous, en tant que chercheurs dans ce domaine, un moment important de réflexion, en particulier lorsque nous sommes insérés dans des environnements patrimoniaux où la valeur de l'Histoire prête à ces biens une grande valeur », dira Nuno Santos Pinheiro, professeur à l'université de Lisbonne, en Portugal, venu exposer l'expérience de son pays dans la mise en valeur des sites historiques. A l'échelle nationale, l'exposé sur les travaux de réhabilitation de la Casbah d'Alger a été suivi avec grand intérêt, d'autant que les Algériens ont acquis des techniques grâce à l'apport de l'Unesco en experts qui se sont succédés depuis 1965. Les aspects de la formation des spécialistes, l'implication des collectivités locales dans les opérations de sauvegarde, la professionnalisation de tous les acteurs du renouvellement urbain, mais surtout la sensibilisation des citoyens en les incitant à considérer et respecter les héritages des siècles antérieurs, ont été les principaux axes des débats qui ont marqué les deux premiers jours d'un séminaire que les spécialistes considèrent comme une occasion inouïe pour un véritable déclic pour les projets de réhabilitation et de requalification du cadre bâti à l'échelle locale. Dans ce contexte, la médina de Constantine, classée patrimoine national par décret exécutif du 5 juin 2005, après des années d'oubli et d'errance, semble être la mieux lotie, même si les expériences engagées jusqu'à ce jour sont encore à l'état embryonnaire. Les travaux menés dans la rue Mellah Slimane et la place Bab El Djabia ont révélé la délicatesse d'une mission dans une vieille ville qui, à l'instar des autres villes historiques maghrébines, fait toujours face aux défis des flux migratoires, de la paupérisation, du squatt, et surtout de la dégradation, souvent « volontaire », de l'habitat.