A l'heure actuelle, aucun responsable en haut lieu et aucun parti politique ni organisation satellitaire ne sont en mesure d'avancer une date exacte à la révision de la Constitution. Certains vont même jusqu'à remettre en cause l'idée d'aller vers l'amendement de la loi fondamentale du pays vu le flou et l'ambiguïté qui entourent ce dossier. Analysant les propos de M. Boukerzaza, le RND et le MSP estiment que cette question relève des prérogatives du chef de l'Etat, alors que le RCD et le FFS ont tiré à boulets rouges sur le gouvernement qui est incapable, à leur avis, de se prononcer en toute transparence sur un sujet qui concerne les fondements de l'Etat. Très critique envers les pouvoirs publics, M. Khendak du RCD explique que l'origine de cette problématique est due à l'absence de visibilité et de consensus au sommet de l'Etat. Etant contre la révision de la Constitution et contre un troisième mandat de M. Bouteflika, le représentant du RCD considère que les propos changeants du chef du gouvernement et de son chargé de communication sont une autre preuve que l'Algérie est gouvernée à vu et qu'il n'y a pas de politique claire. « L'absence de gouvernance, les problèmes socioéconomiques vécus par le pays et la société, la recrudescence du terrorisme que le pouvoir pense avoir éradiqué ne peuvent, encore une fois, que mener le pays à une dérive à conséquence dangereuse pour la stabilité de l'Algérie et son développement », estime le RCD. Allant dans les détails, M. Khendak est convaincu que les associations satellitaires et les organisations proches du gouvernement n'ont appelé à un troisième mandant et par ricochet à une révision de la Constitution que parce qu'elles ont été manipulées par les cercles du pouvoir qui croyait que la révision de la Constitution allait se faire rapidement. « Il y a une lutte intestine au sommet et ce sont ces dissensions qui font que rien ne fonctionne normalement dans notre pays », a regretté le représentant de la formation du RCD. De son côté, M. Tabbou, premier secrétaire du FFS, a justifié ces contradictions par la gestion opaque des affaires du pays. « Après avoir crié sur tous les toits que la révision de la Constitution est imminente et après avoir fixé à trois reprises la date, voilà que le porte-parole du chef du gouvernement remet en cause toute cette démarche », a tonné M. Tabbou. Le FFS est convaincu que « dans un pays de non-droit et dans un pays où l'on est passé d'une situation de mauvaise à la non-gouvernance, il ne faut pas s'étonner de voir de tels comportements. Le pays aujourd'hui donne l'impression d'être un grand bazar », a relevé M. Tabbou qui illustre ses propos par un exemple palpable, à savoir l'examen du baccalauréat qui, chaque année, est entaché d'erreurs. « Un pays qui n'arrive pas à organiser convenablement une épreuve comme le baccalauréat, comment peut-il organiser une démocratie et une Constitution ? » M. Mokri, parlant au nom du MSP, a estimé que sa formation a toujours évité de spéculer sur cette question, préférant attendre la décision du président de la République. « La révision de la Constitution a été pendant une année un sujet de spéculation, alors que tout le monde sait que seul le Président est habilité » à se prononcer sur le dossier. « Pour notre part, tant que nous n'avons pas le texte entre les mains, on ne peut rien avancer », a souligné M. Mokri. Toutefois, le représentant du MSP ne nie pas que si le Président envisage d'apporter des changements à ce texte de loi, il doit le faire dans l'immédiat, car le facteur temps ne joue pas en sa faveur, et si M. Bouteflika veut briguer un troisième mandat, il faut impérativement amender certains articles de la Constitution. S'agissant du RND, M. Chorfi a affirmé : « Nous restons fidèles à notre position et nous avons toujours dit que seul le Président peut se prononcer au moment opportun sur cette question », a-t-il soutenu. Même son de cloche au Parti des travailleurs. Pour sa part, M. Bouhadja du FLN a juré par tous les saints que M. Belkhadem n'a jamais avancé de date concernant la révision de la Constitution. « Belkhadem disait que la révision aura lieu prochainement. Il faut savoir que c'est de notre droit de faire de la politique et de faire bouger les choses », a soutenu M. Bouhadja, s'est contredit en déclarant que les propos de M. Boukerzaza prouvent que personne ne connaît avec certitude la date exacte de la révision de la Constitution. « Le ministre de la Communication n'est pas au courant », a lancé M. Bouhadja.