Le rapport 2008 d'Amnesty International (AI) met l'accent sur le « traitement déshonorant » réservé aux émigrés clandestins. « Les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants en situation irrégulière risquaient d'être arrêtés et maltraités et de faire l'objet d'expulsions collectives. Bien qu'il soit difficile d'obtenir des informations précises, on estimait que plusieurs milliers de personnes avaient été renvoyées vers des pays d'Afrique subsaharienne sans avoir la possibilité de solliciter l'asile, ni d'interjeter appel de la décision », note ce document, rendu public hier. Selon Amnesty International, non seulement ces migrants de différentes nationalités ne sont pas reconnus comme réfugiés par les autorités algériennes, mais ils sont souvent interpellés et parfois reconduits aux frontières et relâchés dans la nature sans aucun moyen. « En août 2007, 28 personnes originaires d'Afrique subsaharienne et reconnues réfugiées par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont été expulsées vers le Mali après avoir été jugées (…) Ces migrants ont été abandonnés sans nourriture, ni eau ni assistances médicale dans une région désertique à proximité de la ville de Tinzaouatine, où opère un groupe armé malien », révèle le rapport. Ce n'est pas tout. Des centaines de réfugiés africains, ajoute Mahieddine Bachir, directeur exécutif de la section algérienne d'AI, « travaillent dans des conditions inhumaines en Algérie et n'arrivent toujours pas à avoir un titre de séjour auprès des autorités algériennes ». La situation des droits humains en Algérie, souligne encore le document, n'est pas reluisante : liberté d'expression bafouée, violence et discrimination à l'égard des femmes, non abolition de la peine de mort, disparitions forcées, impunité et procès inéquitables…AI dénonce avec vigueur le harcèlement en permanence des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme. Le rapport rappelle encore l'exigence du comité des droits de l'homme (ONU) de modifier la législation algérienne de manière à garantir l'égalité entre hommes et femmes dans le domaine du mariage, du divorce et du logement. AI joint, dans la foulée, sa voix à celle dudit comité pour demander d'ériger le viol conjugal en infraction. « A l'instar de nombreux pays, en Algérie, il existe aussi des viols conjugaux qui demeurent encore tabou », estime M. Mahieddine. Saluant la décision des autorités de suspendre l'exécution des peines de mort, l'ONG demande carrément son abolition. Amnesty International estime également que la communauté internationale a cumulé, depuis soixante ans, des échecs en matière de protection des droits de l'homme. Des femmes et des hommes de 81 pays au monde, note la même source, subissent des actes de torture et d'autres mauvais traitements. Citant des cas concrets de violation des droits de l'homme, AI affirme que les dirigeants mondiaux doivent présenter des excuses pour ces décennies d'échec.