Dans un site paradisiaque, quatre villages qui cachent mal leur misère, sont là pour témoigner des problèmes qu'endurent les habitants. Bir Madhi, Guettaf, Meridjat et Aouina Zina, ce sont les villages qui présentent des manques, beaucoup de manques, comme constaté dans ce village de Meridjat où nous devions rencontrer des jeunes de ce coin perdu. Des jeunes qu'on avait rencontrés la veille à M'sila, devant la Direction de l'action sociale (DAS), où ils devaient s'inscrire pour bénéficier du nouveau dispositif d'insertion sociale et percevoir une prime d'un montant de 2500 DA. Dispositif que les jeunes considèrent comme un nouveau subterfuge pour les faire rêver de lendemains incertains, comme cela a été le cas pour l'Ansej et l'Angem. Ils nous ont signifié qu'ils s'inscrivaient sans espoir de se sortir de leur marasme et qu'ils le faisaient par acquis de conscience. Ils n'ont pas manqué de nous avouer qu'ils ne nourrissaient aucun espoir, et la seule perspective qu'ils entrevoient c'est « l'harga ». Village Aouina Zina. Une autre misère. On ne sait pas pourquoi on a choisi ce nom évocateur de la beauté dans un lieu de désolation et de misère, quand la population du village est confrontée à des besoins incompressibles, tels que l'eau, les soins, le transport, la route, l'électricité... « Dans ce village, on manque de tout », nous dira un habitant, pas même une salle de soins pour pallier les fréquentes piqûres scorpioniques. On est obligés de transporter les personnes piquées jusqu'à Hammam Dalaâ pour y être soignées. Il est arrivé que des jeunes meurent des suites d'une piqûre de scorpion, comme ce fut le cas d'un jeune homme de 26 ans, il y a trois ans. » Le président de l'association du village Meridjat, Yattou Yahia, nous dira que « ma fille a été piquée par un scorpion, on l'a transportée au village Guettaf distant de 10 km, où la salle de soins était fermée, on a été obligés de la transporter jusqu'à Hammam Dalaâ, 30 km plus loin pour la soigner ». Et sans transition, un habitant de Aouina Zina a aussitôt enchaîné pour évoquer le calvaire qu'endurent les populations des deux villages pour s'approvisionner en eau potable. : « Cela fait 2 ans, a-t-il soutenu, qu'on a payé 1500 DA chacun au niveau de la recette des impôts de Hammam Dalaâ pour l'installation de branchements, mais en vain, quand bien même la canalisation approvisionnant Beni Ilmane à partir de Oum Chouachi se situe à deux pas de nos habitations, on continue à acheter notre eau à Oum Chouachi, pour 450 DA la citerne. » Plus au fait sur ce point, M. Yettou a indiqué que « le projet de canalisation d'eau de Bir Madhi vers Meridjet avait été estimé en 2007 à 2 milliards 800 millions de centimes. Il était destiné pour les besoins de ces deux villages. Finalement ce sont 35 habitations de Meridjat sur 88 qui en ont bénéficié. 52 habitations de Aouina Zina, soit la totalité du village et 11 habitations de Meridjat attendent toujours que l'eau coule dans leurs robinets ». Et d'ajouter qu' « au lieu de régler le problème de ces deux villages, l'APC est allée renforcer le réseau d'AEP du village Guettaf, en apposant deux vannes supplémentaires sans se soucier des villageois de Aouina Zina et Meridjat ». « Cela, dira Abdelkader, parce que le vice-président de l'APC de Hammam Dalaâ est originaire de Guettaf. » a-t-il soutenu avec amertume. Outre cela, les populations de Meridjat et Aouina Zina endurent également les frustrations liées au manque de transport, notamment pour les collégiens qui, pour rejoindre leur établissement à Bir Madhi, doivent parcourir bon an mal an 12 km à pied par jour pour y parvenir. L'électricité pose problème au niveau de ces deux villages, par le fait des baisses de tension. Ce n'est que depuis la construction de la cimenterie ACC, que les populations de ces villages sortent quelque peu de leur isolement, mais cela n'empêche en rien l'exode de ces dernières vers les centres urbains, s'il n'y a pas une politique plus volontariste permettant de soustraire ces populations à leur enclavement séculaire.