« Sommes-nous dans un Etat de droit ? », questionnera un membre du comité Benchicou pour les libertés lors d'une conférence de presse tenue au siège du Matin à Alger. Et comme pour répondre à la question, M. Hamid Farhi, membre du comité, énoncera toutes les atteintes portées aux libertés : « Harcèlement des journalistes appelés à comparaître chaque semaine devant la justice, pénalisation du délit de presse, aujourd'hui puni de deux années d'emprisonnement maximum... » Mais l'essentiel du débat portait sur la démobilisation des journalistes et des éditeurs de journaux sur les atteintes portées aux acquis libéraux caractérisant toute société démocratique. Le parallèle a été fait avec les années noires du terrorisme durant lesquelles les coups ont été portés progressivement à toutes les formes d'expression. « Aujourd'hui, nous interdisons la vente d'un livre (celui de M. Benchicou), nous malmenons la liberté de la presse en menaçant de prison les journalistes », reprendra Abrika. « Même Ali Yahia Abdenour n'a pu tenir sa conférence à Tizi Ouzou sur les droits de l'homme », soutiendra le leader du mouvement citoyen. En un mot, ce qu'attend le comité, c'est davantage de mobilisation « sous peine de le regretter plus tard ». Et les formes de mobilisation sont vastes pour les membres du comité. « Nous n'appelons pas à la violence même si elle est souvent la conséquence première de la censure », soulignera M. Farhi. « Les pressions médiatiques en diffusant un maximum d'informations sur les détenus, les campagnes d'affichage dans les rues, l'organisation de festivités et manifestations publiques diverses, la conception et le tirage d'affiches... » sont autant de canaux à exploiter pour maintenir le mouvement, invitera un communiqué du comité. Pour revenir sur les derniers procès intentés à Mohamed Benchicou et pour lesquels il a été acquitté, « c'est la preuve que les articles incriminés relataient la pure réalité des faits. Les événements de T'kout étaient réellement empreints de tortures et de sévices en tous genres contre la jeune population locale », explique un membre du comité. « Benchicou ne représente pas un danger pour la société. Ni lui ni tous les jeunes détenus embarqués lors de manifestations de rues. Il est temps de les relâcher et de permettre à cette colère citoyenne de s'exprimer », continue Abrika. Mohamed Benchicou entame son sixième mois de détention. Il souffre d'une arthrose aiguë, dont l'état de santé nécessite, précise-t-on, une intervention chirurgicale, mais impossible à pratiquer en prison. « Sa place est dans un hôpital et parmi nous », soutiendra le comité.