De façon imprévisible, pour ne pas déroger à la tradition, la Libye a décidé de renoncer à la présidence de l'Union du Maghreb arabe. Ce sont là des signes avant-coureurs de la mort de cette organisation. Nul doute que Tripoli est assez bien placé pour lui donner le coup de grâce, le colonel El Kadhafi étant connu, contrairement à son discours politique, comme un spécialiste de la division. Mais personne ne pleurerait l'UMA, si elle venait à disparaître. Depuis sa création en 1989, elle n'a jamais réellement fonctionné, parce que faite dans la précipitation et sans consultation sérieuse, sans parler des problèmes politiques qui divisaient les Etats membres. Elle n'était qu'une coquille vide et un gouffre financier duquel profitait seulement une pléthore de fonctionnaires parasites. Plus grave encore, c'est depuis l'existence de l'UMA que les tensions entre pays membres se sont exacerbées. Gratuitement, le Maroc avait attribué un attentat islamiste à Marrakech aux services secrets algériens et avait décidé d'instaurer le visa pour les Algériens. En réaction, Alger ferme la frontière entre les deux pays. De son côté, Tripoli cherche à déstabiliser la Mauritanie sous prétexte que ce pays a noué des relations diplomatiques avec Israël. La Libye n'avait pas eu la même attitude avec l'Egypte après Camp David. Même les peuples de la région n'ont manifesté aucun intérêt pour l'organisation et personne ne s'est offusqué parce que son sommet ne s'est pas tenu depuis une dizaine d'années et que les Algériens se sont débarrassés de la présidence en la refilant aux Libyens sans qu'il y ait au préalable une réunion des chefs d'Etat comme le stipulent les textes. Pourtant, les Maghrébins croient au Maghreb, un véritable Maghreb et non à un syndicat de chefs d'Etat. Ils y croient d'autant plus fermement que les regroupements régionaux sont devenus une exigence et une nécessité contemporaine. Il faudra repenser à une autre UMA. Nous avons intérêt à le faire pour pouvoir affronter ensemble les défis d'aujourd'hui, notamment pour pouvoir présenter un front commun avec tous nos partenaires, en particulier ceux de l'Union européenne à laquelle tout nous lie et avec laquelle nous sommes condamnés à construire l'avenir.