Au moment où l'entreprise de transport public de Skikda (Etus) vient de comptabiliser 1,5 million d'usagers en l'espace de deux mois d'existence, le bureau local de l'union nationale des transports (Unat) monte au créneau pour dénoncer ce qu'il qualifie de « concurrence déloyale ». Entre l'un et l'autre, les prémices d'un bras de fer semblent s'incruster alors que la ville entame sa haute saison touristique. Pour le bureau local de l'Unat, les choses sont claires. Elles semblent même verser dans une seule évidence : l'Etus a été largement favorisée aux dépens du privé et à ceux des lois régissant le secteur. L'union ne mâche d'ailleurs pas ses mots pour s'en prendre, et vigoureusement, aussi bien à l'administration qu'à l'Etus. Dans leurs revendications, les transporteurs espèrent « une application rigoureuse des orientations du président de la République et le bannissement de toute forme de terrorisme administratif sous couvert du prétexte programme de monsieur le président », lit-on dans l'un de leurs communiqués. Au chapitre des griefs, l'Unat met en relief le chevauchement engendré par la mise en circulation de la flotte de l'Etus. Elle juge que la délibération communale relative au plan de transport de l'Etus n'est pas respectée à la lettre. Elle dénonce par la même occasion la mise en application de plans de transport partiels. « Nous nous opposons à tout plan de transport ne couvrant pas toute la périphérie et ne prenant pas en considération le réseau déjà couvert », rapporte l'Unat dans son communiqué, et d'estimer que « l'imposition d'une concurrence déloyale ou l'octroi d'avantages non équivalents ne feront qu'aggraver la situation, en la faisant retourner aux polémiques du passé ». M. Khoudir, le président du bureau local de l'Unat revient également sur l'autorisation accordée à l'Etus pour bénéficier, à titre exclusif, d'un point d'arrêt au niveau de la gare routière. Il évoque aussi les dépassements de l'Etus enregistrés au niveau de la cité Zeramna. « Pourquoi l'Etus puise-t-elle sur un plan déjà surchargé, alors qu'initialement elle devait plutôt desservir la ligne Rabah Bitat qui reste non desservie ? Autre chose encore, l'Etus procède au su et au vu de tous à des déviations d'itinéraires à Zeramna et dépasse, sur certains parcours, le nombre de bus accordé initialement sans que personne ne la dérange », a-t-il estimé, avant de lancer un appel aux autorités locales pour l'initiation d'un dialogue entres les différentes parties dans le but de revoir le plan de transport de l'Etus selon le PV de la délibération communale. Pour sa part, le directeur des transports de la wilaya de Skikda tiendra d'abord à relever que l'avènement de l'Etus s'inscrit dans le cadre d'une politique nationale et que le ministère avait chargé au préalable un bureau d'études étranger pour définir le plan de transport de chaque ville bénéficiaire. Et d'ajouter : « L'Etus est en train de respecter le tracé retenu. Elle s'emploie au fur et à mesure à étendre ses dessertes. Pour la desserte de Bitat, nous avons saisi l'APC pour élargir la chaussée qui jouxte une mosquée de façon à permettre au bus de l'Etus de circuler sans danger. Pour Kassar, ainsi que le boulevard Boumediene, l'état de la chaussée ne permet pour l'instant aucune circulation et une fois les routes refaites, ces deux dessertes se verront incluses dans le programme de l'Etus. Nous ne faisons aucune distinction entre public et privé et notre seul souci demeure de servir le citoyen ». Le directeur général de l'Etus précisera quant à lui que l'arrêt de la gare routière est un point de compensation puisque nous n'avons pas le droit d'utiliser l'arrêt en face utilisé par le privé. Nous menons une concurrence loyale et le nombre d'usagers qui optent pour notre flotte est une fierté pour l'entreprise. Seulement à notre niveau, nous ne voulons pas prendre en otage le citoyen et nous refusons catégoriquement le procédé utilisé par certains et qui fait que le transporteur ne démarre que lorsque son bus est plein. Il faut tout de même parvenir à déduire les raisons qui poussent les citoyens à utiliser notre flotte et c'est en le faisant que le privé pourra et devra s'en faire une raison. Il n'y a pas de concurrence déloyale pour la simple raison que nous estimons que le service public reste notre vocation essentielle. Nous sommes pour la concurrence du moment que nous activons dans le cadre de la loi. Il faut savoir, juste pour l'exemple, que nous avons accepté de desservir la ligne du nouvel hôpital qui n'est pourtant pas économiquement rentable, mais nous refusons de marchander quand il s'agit de transporter, et dans de bonnes conditions, des malades ou des parents de malades. Le bras de fer continue, le dialogue aussi.