Le secteur de l'artisanat était une activité économique importante en Kabylie. Une profonde léthargie frappe ce secteur. La non-tenue de la fête de la poterie à Maâtkas depuis 8 ans et l'incertitude autour de la pérennité des deux autres fêtes d'arts traditionnels, à savoir celle des bijoux, à Ath Yenni, et celle du tapis d'Ath Hichem, laissent présager un sérieux doute quant à la volonté de relancer ce secteur pour bon nombre de localités. Ainsi potiers, couturiers, tisserands, forgerons, vanniers sont tous aux abois… Ils sont pourtant aussi nombreux que diversifiés ces métiers artisanaux qu'on dit « petits », qui se pratiquent à domicile et par lesquels des familles arrivent cahin-caha à subvenir à leurs besoins. En effet, touchant plus particulièrement les femmes et les retraités, ces créneaux créateurs de richesse et d'emplois méritent plus d'égards. La robe kabyle, qui est de loin l'activité la plus prisée par la gent féminine, est incontestablement en tête des activités. À Maâtkas, certains jeunes en ont fait un excellent créneau, gérant de réelles micro-entreprises donnant une excellente opportunité à des dizaines de filles de travailler à domicile. En proposant des rémunérations et en leur fournissant tissu et dentelle, ces jeunes promoteurs arrivent à écouler leur marchandise à travers toutes les wilayas du centre et même en Oranie. Dans la région de Maâtkas, la couture traditionnelle a même pu surclasser la poterie en matière de production. Cette dernière activité est donc notoirement en déclin, nonobstant les quelques résistances qu'elle affiche encore dans certains villages, tels qu'Ighil Aouène, Aït Aïssa Ouziane, Aït Ahmed, Takhribt, El Bir. « Elles se comptent sur les doigts d'une seule main les potières qui exercent encore et elles sont toutes âgées ! », dira un commerçant de produits artisanaux qui rajoutera : « La jeune génération ne veut plus prendre la relève, hélas … » La vannerie est un art qui s'achemine tout droit aussi vers une extinction, et ce, même dans son fief, le village Betrouna. « Ce n'est plus rentable, les vanniers ont tous changé d'activité », nous fera remarquer un villageois de Betrouna qui avait travaillé dans ce secteur. Le burnous et le tapis perdent aussi du terrain face à cet assaut de la modernité et de l' « invasion » du tissu chinois. Chez la gent masculine, ce sont plutôt les métiers agricoles, tels que la fabrication des outils artisanaux et la culture en pépinière qui ont disparu. C'est dire enfin que l'activité artisanale, qui demeure bien entendu très importante mais mal répertoriée et souvent non déclarée, devrait être reconsidérée, et surtout encouragée.