L'Iran a jugé en effet inacceptables certains points de l'offre onusienne. Alger tempère les ardeurs. Reçu hier par le président Bouteflika principalement au sujet du dossier nucléaire, le chef de la diplomatie iranienne, Ali Larijani, a affirmé que son pays «est prêt à toute négociation à condition qu'elle ne se fasse pas sous la menace». Il a précisé que «ces négociations doivent se faire dans un cadre de concertation et de coopération». Le responsable iranien a tenu à souligner que son pays «ne cherche nullement à développer l'arme nucléaire comme le laissent croire les Américains et leurs alliés». Affirmant que les relations algéro-iraniennes ont toujours été au beau fixe, Larijani a rappelé que «l'Iran a toujours bénéficié du soutien de l'Algérie. Du fait que les deux pays ont des intérêts et des menaces communs». D'autre part, il n'a pas exclu que «les relations irano-américaines reviennent à la normale pour peu qu'il y ait une volonté politique américaine». Interrogé sur ce que sera la réplique iranienne à une éventuelle attaque d'Israël, il a estimé qu'une telle hypothèse «n'est pas d'actualité car Israël sait à quoi s'attendre de la part de l'Iran en pareille circonstance». L'audience, accordée par le chef de l'Etat au responsable iranien, s'est déroulée en présence de Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères. Ali Larijani a déclaré à son arrivée que «le dialogue et la concertation entre les deux pays se poursuivaient toujours dans tous les domaines et dans toutes les conditions» soulignant qu'il «est tout à fait naturel qu'il y ait des rencontres entre les deux pays». Cette visite d'un haut responsable iranien intervient le jour même où s'est ouvert une réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) consacrée au programme nucléaire de l'Iran. Cette réunion ordinaire des 35 pays membres du Conseil des gouverneurs de l'autorité nucléaire des Nations unies, doit durer au moins jusqu'à demain soir, et ne devrait pas déboucher sur une résolution ou une initiative nouvelle, selon des sources diplomatiques. La réunion a été marquée par l'appel de l'ambassadeur américain auprès de l'Aiea, Gregory Schulte, à l'Iran à saisir cette occasion diplomatique pour trouver une solution. La réponse a été instantanée par la voix du porte-parole du gouvernement iranien, Gholam Hossein Elham, qui a réaffirmé que «l'Iran a atteint la technologie du combustible nucléaire, c'est notre droit absolu et nous ne négocions avec personne». Une position qui n'a pas été du goût des Américains dans une menace à peine voilée selon un document reçu à la rédaction. «L'Iran a maintenant un choix à faire. Une voie positive en mesure d'apporter de vrais bénéfices et une sécurité à long terme au peuple iranien. Et une voie négative qui pourrait coûter cher» est-il mentionné. Dans son rapport de vendredi, l'Aiea avance que l'Iran a accéléré le 6 juin ses activités d'enrichissement d'uranium sur son site de Natanz, le jour même où le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, a remis à Téhéran l'offre européenne. De son côté l'Iran a fait des contre-propositions au groupe des Six, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne. L'Iran a jugé en effet inacceptables certains points de l'offre onusienne. Au Caire, lors d'un entretien avec le président égyptien, Ali Larijani, principal négociateur iranien sur le dossier nucléaire, a notamment estimé que la question de l'enrichissement de l'uranium devait être clarifiée. «L'offre des Six comporte aussi des points positifs, a-t-il déclaré, comme le réacteur nucléaire à eau légère proposé à Téhéran. Egalement la coopération avec l'Iran afin de tirer avantage de ses acquis en matière de stabilité et de sécurité dans la région». Les six propositions contiennent à la fois des mesures incitatives pour amener l'Iran à suspendre son enrichissement d'uranium et des menaces d'éventuelles mesures prises par le Conseil de sécurité. Mais Téhéran considère que son enrichissement d'uranium est un droit et Ali Larijani a fait savoir que «le langage des menaces contredisait celui des négociations». Tandis que le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Hamid Reza Asefi, a relevé des «ambiguïtés» et estimé que «certains points devraient être renforcés» dans la proposition soumise mardi dernier par le représentant des Affaires étrangères pour l'Union européenne, Javier Solana. «Nous avons classé en catégories son contenu», et «certaines parties sont acceptables, certaines sont ambiguës, certaines parties doivent être renforcées, et nous n'acceptons pas certaines autres», a-t-il dit. Dans ce bras de fer qui oppose l'Iran à l'Occident, l'Algérie a été déjà sollicitée par les dirigeants iraniens pour plaider leur cause auprès des institutions internationales concernées par le dossier. A ce propos, l'Algérie a, de tout temps, dénoncé la politique du deux poids, deux mesures appliquée par les Occidentaux sur la question, en mettant en exergue la passivité des Etats-Unis face aux agissements suspects d'Israël sur le dossier du nucléaire.