« L'immigration ‘‘choisie'', produit ses premiers résultats. » C'est ce qu'a révélé hier Brice Hortefeux lors d'une conférence de presse organisée conjointement avec son homologue sénégalais, Cheikh Tidiane Sy, à Paris. Paris. De notre bureau Le ministre de l'Intérieur français a confirmé la diminution de l'immigration familiale (-12%) pour la première fois depuis dix ans et la montée en puissance de celle des travailleurs (+16%). Ainsi, ils étaient environ 97 000 à entrer en France au titre de conjoints ou de proches entre juin 2006 et mai 2007 ; ils ne sont à présent que 84 000, soit une baisse de plus de 10%. La priorité est donnée, selon le ministre à l'immigration de travail qui a représenté plus de 9% en 2007. Un pourcentage certes insuffisant et loin des 50% fixés par le président Nicolas Sarkozy, mais qui confirme, tout de même, que la nouvelle dynamique migratoire est en marche. Ainsi, quelque 30 000 travailleurs étrangers sont arrivés essentiellement des pays européens entre 2007 et 2008, soit une hausse de 36%. En revanche, le nombre de Maghrébins diminue drastiquement. M. Hortefeux a également fait entendre que les expulsions ont augmenté de 80% au premier trimestre 2008. « Les résultats sont là, s'est-il félicité. Nous avons enrayé l'immigration clandestine car jamais sur une année autant de clandestins n'ont été reconduits dans leurs pays respectifs. » Les chiffres donnés indiquent que près de 30 000 personnes ont été reconduites à la frontière entre juin 2007 et mai 2008, contre 15 000 environ pour l'année d'avant. Le même interlocuteur a avoué que ce chiffre a été dopé par les contrôles inopinés effectués par les services de police sur les lieux de travail essentiellement. « Nous avons donné des consignes aux préfets : ne pas contrôler les gens au faciès, devant les écoles et les préfectures, mais sur les lieux de travail. » Il en ressort que plus de 2228 employeurs ont subi des contrôles l'année passée, soit 105% de plus. M. Hortefeux a fustigé au passage les patrons « qui ne paient pas les charges sociales ni la taxe pour l'emploi d'un travailleur étranger et se présentent pourtant comme leurs défenseurs ». Cependant, il a admis que ses services ont procédé à la régularisation de près de 400 travailleurs clandestins sur les 1500 dossiers présentés par des employeurs dans toute la France. Mais il a averti qu'il n'ira pas plus loin et ne donnera pas de prime pour l'illégalité. « Je dois d'abord faire justice aux immigrés légaux qui connaissent un taux de chômage de 22%, trois fois supérieur à celui des Français, avant de régulariser les sans-papiers. » Le ministre de l'Intérieur s'est également félicité de la compréhension affichée par plusieurs pays d'Afrique à l'égard de sa nouvelle politique migratoire. Cheikh Tidiane Sy, ministre de l'Intérieur du Sénégal a d'ailleurs appuyé publiquement la politique française dans ce domaine. « Nous partageons la politique de tolérance zéro à l'immigration illégale que mène la France avec délicatesse », a-t-il fait remarquer. Depuis qu'il est devenu ministre de l'Intérieur et de l'Identité nationale, M. Hortefeux a réalisé onze voyages officiels, la plupart en Afrique et conclu cinq accords de gestion concertée du flux migratoire avec notamment le Bénin, le Sénégal, la Tunisie, le Gabon et le Congo. L'Algérie refuse pour l'instant de parapher un tel accord.