Après des mois d'attente, le département de la Défense (Dod) américain vient de faire éclater au grand jour une polémique avec l'Algérie sur le rapatriement des 27 détenus algériens du camp militaire de Guantanamo Bay (10% du nombre total des détenus). Sandra Hodgkinson, responsable adjoint des détenus au Dod, a accusé, dans une récente déclaration au quotidien The Miami Herald, l'Algérie de ne pas collaborer dans ce dossier. « Les Algériens ont simplement décidé qu'ils ne voulaient pas accepter un retour des détenus des Etats-Unis. C'est décourageant ! », a-t-elle déclaré. C'est la première fois qu'un haut responsable américain use d'un tel discours depuis le début des « négociations » entre Alger et Washington entamées en 2005 pour trouver une solution aux Algériens de Guantanamo. Sandra Hodgkinson a rappelé que les deux pays avaient établi un accord l'été 2007 pour rapatrier un certain nombre de ces détenus. « Mais l'Algérie a revu sa position. Ses diplomates disent qu'il est préférable que les hommes reviennent aux pays où ils ont été arrêtés », a-t-elle précisé. The Miami Herald illustre l'article par le cas de Mammar Ameur, arrêté au Pakistan en 2001. « Il est malchanceux. Le Pentagone a décidé qu'il peut rentrer chez lui. Après des années de négociations, l'Algérie a refusé de rapatrier une seule personne de ce camp, un cas individuel. Si une cour civile décide de libérer Ameur, il n'a aucun lieu où partir », a relevé le journal. Son avocat, Ramzi Kacem, a déclaré : « Il veut rentrer chez lui et retrouver sa famille. C'est tout ce qu'il a toujours voulu et ce n'est pas plus compliqué que cela. » Pourtant, début mars 2008, Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, avait confié à la presse que si les Algériens de Guantanamo voulaient rentrer au pays, « ils seront les bienvenus ». Il avait indiqué que ceux qui font l'objet de poursuites judiciaires en Algérie seront jugés d'après le code pénal « et ceux qui ne sont pas poursuivis par la justice algérienne retourneront auprès de leur famille ». Que s'est-il passé entre mars et juin 2008 pour que la situation change ? En visite à Alger, fin février 2008, David Welch, sous-secrétaire d'Etat américain, avait annoncé qu'un accord allait bientôt être conclu avec l'Algérie pour régler le problème des détenus. Une délégation officielle algérienne s'était déplacée au camp de Guantanamo, en 2005, pour identifier les Algériens qui y sont détenus et est revenue avec une liste détaillée de ces personnes aux fins d'étudier leurs dossiers. L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Robert Ford, a toujours soutenu qu'une solution est possible à ces détenus et que toutes les conditions légales ont été réglées pour procéder au rapatriement.