Ahmed Ouyahia est de retour à la tête de l'équipe gouvernementale après l'avoir quittée il y a à peine deux ans. Le chef de l'Etat a procédé hier à un remaniement partiel du gouvernement en remplaçant Abdelaziz Belkhadem par celui à qui il avait lui-même succédé un certain avril 2006. Ahmed Ouyahia reprend les commandes de l'Exécutif et Abdelaziz Belkhadem revient à la fonction de ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République. Intervenant hier en fin d'après-midi, le lifting ministériel longuement pressenti a concerné, outre le changement du chef du gouvernement, le départ de trois ministres et de nouvelles attributions pour d'autres. Ainsi, Amar Tou quitte son portefeuille de la Santé pour celui des Transports en remplacement de Mohamed Maghlaoui qui est appelé à d'autres fonctions. Saïd Barkat troque, quant à lui, le tablier de ministre de l'Agriculture contre la blouse de la Santé, en cédant ainsi les lourds dossiers agricoles au dynamique Rachid Benaïssa, ex-ministre délégué chargé du Développement rural. Djamel Ould Abbès est pour sa part gratifié d'un élargissement de prérogatives en devenant ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. Ce dernier est même secondé dans sa tâche par Nouara Saâdia Djaâffar qui devient ministre déléguée auprès du ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. Outre le départ de Maghlaoui de l'équipe gouvernementale, le président Bouteflika a remercié Boudjemaâ Haïchour qui a été appelé à d'autres fonctions et qui se trouve remplacé à la tête du département de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication par un nouveau venu, Hamid Bessalah, ex-directeur du Centre national de développement des technologies avancées. La dame des Finances, Fatiha Mentouri, est elle aussi appelée à d'autres fonctions et quitte ainsi le ministère délégué auprès du ministre des Finances chargée de la Réforme financière. Si le pourquoi de ce remaniement ne figure pas dans le communiqué présidentiel, il est utile de prendre en considération le timing choisi pour la concrétisation d'une telle option pourtant annoncée à maintes reprises avant ce jour. Aujourd'hui, le temps semble compté et les carillons sonnent la fin d'une étape et le début d'une autre, même si les acteurs sont les mêmes. Si Belkhadem avait hérité en 2006 d'un gouvernement qui avait amorcé les premiers pas d'un chantier politique et économique, il le lègue aujourd'hui à son successeur avec de maigres résultats et surtout avec en prime l'obligation de rattraper les retards accusés dans l'accomplissement des promesses électives de Bouteflika. Le choix de Ouyahia obéit à la volonté du président de la République de n'aborder le début de l'année prochaine, ô combien décisive, que par un cahier de notes à la hauteur des promesses présidentielles. « Pour l'instant, il s'agit pour moi d'achever correctement mon deuxième mandat en espérant atteindre tous les objectifs que je m'étais fixés et qui faisaient l'objet de mon programme électoral », répondait Bouteflika en mars dernier à l'agence Reuters au sujet de sa prétention à briguer un troisième mandat. Cette phrase a sonné comme le glas pour Belkhadem, et la preuve du désaveu présidentiel réside dans le choix même de son successeur. Qu'y a-t-il de pire que d'être remplacé par celui qu'on était censé surpasser ? La conjoncture socioéconomique marquée par l'érosion du pouvoir d'achat et par la contestation populaire grandissante a accéléré le départ de Belkhadem. Le choix du « pragmatique » et très « soutenu » Ouyahia semble se décliner comme un contrat de performance gageant de mener à bon port la barque du troisième mandat.