Nous sommes ici depuis deux jours, traités tout à fait correctement. Les gens du MNJ nous ont confirmé qu'ils vont nous relâcher au plus vite, et nous remettre à notre société dans les meilleures conditions. » A notre téléphone, hier après-midi, Michel Capo Bianco, directeur de production à Comunac, filiale de la société française Areva qui exploite l'uranium dans le bassin d'Arlit, au nord du Niger, n'a pas souhaité trop s'exprimer sur le rapt dont il a fait l'objet, dimanche matin avec trois autres travailleurs d'Areva lors d'une opération commando organisée par le Mouvement nigérien pour la justice, de Aghali Ag Alambo. « Nous ne faisons pas de politique, mais nous avons eu des discussions avec les gens du MNJ. Nous avons écouté leurs explications sur leur lutte et j'espère que ça se passera dans les meilleures conditions possibles, dans l'intérêt de tous », poursuivait Michel Capo Bianco. Ils faisaient leur footing matinal (7h GMT) à Akouka, 7 km d'Arlit, lorsque Michel Capo Bianco, Xavier Péron, son adjoint, Christian Girard, chef de groupe géologie à Areva, et Marie Cécile Fébey, géologue, elle aussi venue depuis à peine cinq jours pour travailler dans la société française, avant qu'ils ne soient pris par le MNJ qui a préparé l'opération depuis un mois. « Ce n'est pas un enlèvement que nous avons fait puisque nous ne comptons pas les garder plus de 48 heures », nous informait aussitôt le chef du MNJ qui a mis à leur disposition un téléphone satellitaire « pour leur permettre de rassurer leurs parents et l'ambassade de France à Niamey qu'ils ont contactée très vite au téléphone ». « Notre but est de les charger d'un message écrit à transmettre à la société Areva et au gouvernement français. » Alors que nous l'avions encore, hier à 16h, au bout du fil, Aghali Ag Alambo nous apprend également que la libération des quatre travailleurs d'Areva ne saurait tarder et qu'elle surviendrait au plus tard dans deux ou trois jours. « Nous sommes en train de voir avec la Croix-Rouge internationale ou une autre partie pour les remettre, avec entre leurs mains, notre message. » Un message dont la teneur est de « montrer la capacité du mouvement à agir dans sa lutte, mais aussi de montrer aux expatriés d'Areva et des autres sociétés minières étrangères implantées chez nous au Niger qu'ils ne sont pas en sécurité dans cette région du Nord, tant que le problème que nous posons à travers notre mouvement n'est pas réglé. Nous voulons également démentir tout mensonge du gouvernement nigérien qui dit que les sociétés étrangères peuvent travailler en toute sécurité et enfin montrer à l'opinion internationale que tant que le problème, évident pour nous, n'est pas réglé au Niger, il est impossible que la paix soit ». Rappelons que le mouvement rebelle qui active depuis un an et demi dans l'Aïr revendique, principalement, un juste partage des rentes issues des richesses minières et pétrolières basées dans le Nord, constitué de populations touareg. Celles-ci, conteste le MNJ, sont exclues par Areva qui ne les emploie guère et qui porte de graves atteintes à leur milieu naturel par le fait des irradiations et des contaminations de l'eau que boit la population autour des zones d'exploitation de l'uranium. C'est aussi là le motif du message que le chef rebelle veut transmettre à la société française qui exporte, à partir de l'Aïr touareg, le tiers de l'uranium vendu dans le monde.