Le remaniement gouvernemental est stratégique et technique, il ne s'agit pas d'un remaniement politique. » Flegmatique, le porte-parole du FLN, Saïd Bouhadja, poursuit sa lecture des décisions du président Abdelaziz Bouteflika qui a remplacé Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, par Ahmed Ouyahia, numéro un du RND. Aux yeux de M. Bouhadja, rencontré hier au siège du parti à Alger, le remaniement n'aurait rien de politique puisqu'il s'agit de « renforcer l'application du programme du président de la République ». Ce responsable du vieux parti explique aussi que le remaniement a pour objectif « le travail en commun pour faire face aux défis à venir : la révision de la Constitution et assurer un troisième mandat au Président ». Nommé ministre d'Etat, représentant personnel du Président, M. Belkhadem aurait, selon le porte-parole du FLN, « une mission importante en se consacrant au parti et à la large mobilisation nécessaire à l'échéance de la présidentielle de 2009 ». M. Bouhadja précise aussi que le FLN « n'a pas perdu le gouvernement ». Au FLN, on se dit « mobilisés » pour l'objectif de la révision constitutionnelle même si on ignore les modalités de l'amendement. « Cela dépendra de l'importance de la révision : si la révision est importante et concerne par exemple la séparation des pouvoirs, on ira vers le référendum, si par contre il s'agira d'un amendement moins important, la voie parlementaire suffit », dit M. Bouhadja. Pour rappel, Abdelaziz Belkhadem avait déclaré au quotidien français Le Monde du 18 juin : « Un troisième mandat n'altérant pas l'équilibre des pouvoirs en Algérie, la voie parlementaire pourrait suffire. » « Le véritable enjeu reste la question du troisième mandat et la présidentielle de 2009 », indique un cadre du parti qui a refusé de rendre publique son identité. « Bouteflika a libéré Belkhadem du poste de chef du gouvernement pour qu'il se consacre à la présidentielle. C'est vrai qu'il ne l'a pas reçu mardi comme le veut le protocole, mais c'est aussi une manière de dire “tu n'es pas parti, tu es toujours à mes côtés” », poursuit ce cadre. « Malheureusement, tout cela n'est pas au profit du parti qui, en fait, ne contrôle ni le gouvernement ni le Parlement, alors que c'est le parti de la majorité », regrette notre source qui soupire en ajoutant : « Le vrai défi maintenant est de créer une animation pour la présidentielle 2009, placer des semblants de concurrents, car le pouvoir ne veut pas du scénario du candidat unique. »