Le festival du cinéma arabe a été ouvert officiellement avant-hier, au Théâtre régional Abdelkader Alloula, qui a accueilli, pour cette occasion, une flopée d'invités dont des artistes connus. Un tapis rouge a été installé à l'entrée de ce bel édifice et, comme pour imiter le festival de Cannes, les participants ont dû « monter quelques marches » devant les objectifs de quelques caméras et une poignée de photographes. Tenus à l'écart de l'autre côté de la rue, des « spectateurs » de la place du 1er novembre — où a été dressé un écran géant pour une première projection nocturne en plein air — suivaient le défilé des stars qui a commencé aux alentours de 20h. Les artistes étrangers étaient suivis par une protection rapprochée, mais seul Mahmoud Abdelaziz, l'acteur égyptien rendu populaire pour avoir interprété le rôle d'espion dans le feuilleton Ra'fet El Haggan, a osé braver l'interdit en passant outre les recommandations du cordon de sécurité pour aller s'offrir un bain de foule. acclamé, il a été très bien accueilli par des anonymes avec qui il a échangé des poignées de main et même des embrassades chaleureuses. A l'intérieur du théâtre, la cérémonie d'ouverture a été entamée avec un spectacle de danse targuie exécutée par les éléments d'une jeune troupe, qui a su restituer les gestes et les cris de guerre des tribus touareg. Dans son allocution de bienvenue, Hamraoui Habib Chawki, en sa qualité de commissaire du festival, a d'abord évoqué Youcef Chahine avant d'énumérer quelques martyrs de la guerre de libération, notamment Ali Maâchi et Zabana. « Nous n'avons pas assez d'infrastructures luxueuses mais nos cœurs sont assez vastes pour vous accueillir », dira-t-il en substance, en s'adressant aux invités des pays participants. La cérémonie s'est poursuivie avec la présentation du jury de la catégorie court métrage présidé par le Tunisien Abdelatif Ben Ammar, suivie du jury long métrage dirigé par l'artiste syrien Dhourid Ellaham. Ces deux personnalités ont déclaré être honorées d'avoir été choisies pour la tâche qui leur a été confiée. Après quelques extraits de films retraçant un pan de l'histoire du cinéma algérien comme la bataille d'Alger, Omar Gatlato, Chroniques des années de braise, Nahla, Hassan Terro, Bouamama, le Clandestin, etc., d'autres hommages seront rendus ainsi. Dans une séquence bien choisie d'une interview, la grande actrice syrienne Mouna Wassef (celle qui tenait le rôle de Hind dans Errissala), évoque la période des années 1960 à Damas alors qu'elle était encore à ses débuts et elle a eu cette réflexion : « C'est l'Algérie qui nous a appris ce qu'est l'héroïsme ». Devant l'assistance, elle exprimera une grande émotion pour l'hommage que cette édition du festival lui rend. L'Algérien Ahmed Rachedi a préféré revenir sur sa carrière et raconté une anecdote avec Elia Kazan à qui il avait demandé conseil. « Savoir attendre », a été la réponse de l'auteur engagé de Viva Zapata mais au passé ambigu lors de la période maccarthiste, lorsqu'il dénonça ses anciens amis communistes. Troisième personnalité du cinéma à être honorée : Mahmoud Abdelaziz qui a comparé la ville d'Oran à Alexandrie, sans doute pour sa situation en bord de mer et a promis de continuer à travailler pour l'amour du 7e art. Le dernier hommage a été rendu, à titre posthume, au réalisateur syrien Mustapha El Akkad représenté à la cérémonie par sa sœur Leïla. « C'est une fois qu'il est parti qu'on a su ce qu'on avait perdu », a-t-elle déclaré à juste titre, en ayant au préalable précisé que la renommée du réalisateur de El Rissala, n'a pas été usurpée et que la reconnaissance internationale a été atteinte après qu'il ait bataillé et souffert pour apprendre. Leïla El Akkad a ensuite remercié l'Algérie pour cette initiative. En guise de pensée à Youcef Chahine, des images du réalisateur égyptien, actuellement hospitalisé, ont été projetées au public. « A une période difficile où je ne trouvais pas de financement pour faire des films, j'ai appelé Ahmed Rachedi qui m'a répondu avec un seul mot : ‘‘viens !'' et cela a donné la coproduction de Le retour de l'enfant prodigue avec Sid Ali Kouiret, un très bon acteur avec lequel j'ai eu du plaisir à travailler », a témoigné l'auteur du Destin. Avant la clôture de la soirée par une troupe de danse féminine du genre tindi, toujours originaire de l'Ahaggar, des séquences du dernier film de Ali Rachedi consacré au martyr Mustapha Ben Boulaïd ainsi que des images montrant les conditions de tournage ont été projetées. L'an dernier, les organisateurs avaient opté pour la projection d'un court métrage.