Il est sémillant dans son art pas du tout mineur. Il a un air... de famille avec le regretté El Hadj El Hachemi Guerrouabi. Il joue de la guitare assis. Il a un grain de voix et de...« beauté » d'El Bahdja. Et puis, il est « pop » ! Populairement chaâbi, quoi ! Son nom est Sid Ali Driss. Ce n'est autre que le chanteur de musique chaâbi. Il est le neveu du grand maître de ce noble style musical. C'est dire que chez-lui, la musique est une affaire de famille. C'est filial ! Et il a de qui tenir, Sid Ali Driss. Aussi, sous les auspices de l'Etablissement Arts et Culture — faisant la promotion de la musique du terroir et celle actuelle, à travers une fine et ambitieuse équipe à encourager — que Sid Ali Driss s'est produit, jeudi soir, au Théâtre de Verdure Laâdi Flici, à Alger. Et ce, malgré l'« heure indue » de la demi-finale de football de l'Euro 2008 ayant opposé l'Allemagne à la Turquie et scotché les aficionados. Mais quand on aime, on ne compte pas, et puis on se déplace pour une soirée typiquement chaâbi. Sid Ali s'inquiétait un peu dans sa loge, mais il sera rapidement rassuré, le public féru de chaâbi était présent. En guise d'encouragement avant son entrée sur scène, Sidi Ali se verra offrir... une bouteille d'huile d'olive d'un admirateur venu spécialement d'Azeffoun. Une onction adjuvante, pour ne pas dire la « baraka » pour sa voix. C'est sous une salve de youyous et d'applaudissements que Sid Ali Driss donnera un concert, une « gaâda » (un jam chaâbi) d'antan, nostalgique, mélomane, familial et foncièrement acoustique, loin de la cacophonie ambiante, musicalement parlant. Un récital de très bonne facture, dans une bonne intelligence orchestrale et chorale, où Sid Ali Driss se surpassera. Car son bon public de chaâbi est très exigeant. Il faut que cela vole haut et fort. Son tour de chant délectera l'auditoire avec les incontournables insirafat Ya Saâ El Hania, Hilal Ban ou Kom Yassir ; du m'dih (chant spirituel) avec Ya Saïd El Ouma Mohamed du poète Lakhdar Benkhlouf, Ya Chamaâ, une qçida (texte) inédite d'El Mendaçi, Youm Djemaâ, Aouaâdi Mabkat Denia, Ach Dak Ya Maghrour ou encore El Barah, chanson du regretté El Hadj El Hachemi Guerrouabi. Un exercice de style vocal et instrumental, avec sa guitare-mandole comptant six cordes doublées, où il excellera pour satisfaire les amateurs de chaâbi pur et dur, et celui du assimi festif. « Je ne me produis pas souvent car les chanteurs de chaâbi sont les parents pauvres de la scène artistique. Cependant, il faut innover, être de son temps, se remettre en question... Je suis un élève de l'école andalouse. Mon oncle (El Hadj El Hachemi Guerouabi) m'avait conseillé de fréquenter le conservatoire El Fen Oua Adab de Ruisseau et m'a beaucoup encouragé dans le chaâbi. C'est un grand maître... », nous confiera Sid Ali Driss. Il prépare un double album (12 nouvelles chansons et des textes inédits des anciens poètes). C'est sûr, Sid Ali Driss est chaâbi, Guerrouabi est bahdjaoui ! Un chanteur populaire, quoi !