L'EGT-Est envisage des travaux de « rénovation » contre l'avis des Amis du Vieux Rocher. La ministre de la Culture est interpellée pour préserver ce joyau unique. Construit sur un périmètre déclaré par l'Etat et le ministère de la Culture secteur à sauvegarder, l'hôtel Cirta, qui fait partie du patrimoine culturel, constitue un pan important de l'âme et de la mémoire de la ville et reste un monument architectural somptueux et unique en son genre. Inauguré en 1912, l témoigne d'un passé où l'art de bâtir demeure, à ce jour, inégalé. Mais aujourd'hui, cette bâtisse, érigée en plein centre-ville de la capitale de l'Est, dans un style mauresque pur et des plus raffinés, est doublement menacée. En effet, ce symbole de l'histoire constantinoise risque de perdre ce qui le distingue en matériaux nobles. Les céramiques et les moulures en plâtre, aux motifs uniques, le parquet de style mauresque très rare, les peintures murales de l'entrée et celles des plafonds du restaurant, ainsi que les vitraux du portail, sont menacés de disparition. La cause première de cette menace viendrait de ce que la direction de l'EGT-Est envisage des travaux de « rénovation », et a déjà lancé un avis d'appel d'offres devant désigner une entreprise qui se chargera de les mener. Cependant, la réaction des amoureux du patrimoine et de ceux qui militent ardemment pour sa protection, ne s'est pas faite attendre. L'association de défense du Vieux Rocher, comme à chaque fois que le patrimoine court un risque, a vite fait de réagir en informant la ministre de la Culture, le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire et du Tourisme, la wilaya… L'association signale aux responsables que l'EGT-Est n'est, en aucune manière, habilitée à entreprendre ce type de travaux, d'autant plus que ceux-ci sont désignés au titre de rénovation et non de restauration menée par des spécialistes. En ce sens, les responsables sont interpellés pour surseoir au plus vite à cette décision, suspendre le projet de rénovation de l'hôtel, et charger un bureau spécialisé en restauration de mener une étude approfondie afin de déterminer la nature des travaux appropriés, tout en veillant au respect de l'identité de cette infrastructure historique. Notons qu'en 1986, l'hôtel Cirta a perdu une partie de ce qui faisait son originalité à cause justement de travaux dits « de rénovation ». Ainsi, une partie du mobilier, de la boiserie et bien d'autres éléments ont tout simplement disparu, et les dégâts auraient été plus importants n'était l'intervention de représentants de la société civile, qui ont alerté les autorités et pu arrêter les travaux. Ceci dit, l'on se demande, à Constantine, pourquoi la ministre de la Culture, Khalida Toumi, d'habitude prompte à réagir sur ces questions, se confine dans un mutisme complice, permettant à l'EGT-Est d'empiéter sur son territoire et commettre un crime contre la mémoire des Algériens !? Beaucoup de citoyens exigent aujourd'hui que l'hôtel Cirta, mis en vente, soit préservé, pour au moins accueillir ses invités, voire devenir une résidence pour des artistes ou autres personnalités. Mais en attendant que la ministre réagisse, l'on espère que la capitale de l'Est préserve ce qui la distingue et lui confère le statut auquel elle prétend, et que cette ambition s'accomplisse par des actes concrets, dont justement la récupération de l'hôtel Cirta au nom de l'intérêt public.