Entre le discours officiel et la réalité du terrain liée au respect des droits fondamentaux des travailleurs en Algérie, Vincent Chagué, maître de conférences à l'université de Limoges et consultant en ressources humaines, relève lors du contraste patent. Intervenant au séminaire international organisé, hier à Alger, par l'Association algérienne des ressources humaines en partenariat avec la Fondation allemande Konrad Adenauer et GTZ, M. Chagué a estimé que les atteintes aux droits des employés en Algérie sont nombreuses, en citant un rapport au constat « peu reluisant » élaboré par la Confédération syndicale internationale en 2007. D'une part, l'Algérie qui ratifie des conventions internationales portant sur le respect des libertés syndicales et, d'autre part, des restrictions infligées par le gouvernement dans l'octroi des autorisations d'exercice de l'activité syndicale. « Ne pas protéger les droits fondamentaux des salariés, c'est mettre en danger l'entreprise, fragiliser sa position concurrentielle et sa compétitivité », tranche-t-il. Les restrictions et les abus d'autorité sont à l'origine, note-t-il, de la fuite des cerveaux, laquelle demeure une réalité frappante. Selon lui, les entreprises nationales n'ont pas d'autre choix que de respecter les lois et réglementations en vigueur au risque de pertes financières. Cependant, ces mêmes entreprises, ajoute-t-il, ne doivent pas se limiter à ces seules contraintes et se cantonner dans une approche fataliste. Quelle panacée ? M. Chagué, qui privilégie la sensibilisation envers les managers algériens, propose un certain nombre d'outils de management capables de répondre aux besoins des salariés. Il s'agit, selon lui, de valoriser les compétences et de minimiser le risque social. « Il y a un réel risque de gaspillage de compétences en France », constate-t-il, avant de plaider pour une généralisation de l'entretien annuel d'accompagnement et donner la priorité à la formation qui continue, à ses yeux, des pistes adéquates pour mettre les salariés en confiance. Abordant le problème des conflits au sein des entreprises, à l'origine souvent de stress et de frictions aux conséquences néfastes, M. Chagué estime que le directeur des ressources humaines (DRH) doit « prêter l'ouïe » à ses travailleurs. « La mission du DRH n'est pas seulement d'établir des fiches de paie. C'est apporter des solutions aux problèmes des employés », s'exclame-t-il. Concluant sa communication, cet expert international soutient que la protection des droits fondamentaux des salariés demeure une obligation pour les entreprises.