L'université ploie sous le nombre grandissant d'étudiants. Les conditions sociopédagogiques risquent de se détériorer davantage. La rentrée universitaire 2008/2009 s'annonce des plus difficiles. Les espérances du rectorat et des directions des résidences d'une bonne rentrée, s'évaporent déjà, tant la situation sociopédagogique à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou augure d'une anarchie inextricable. Les bonnes conditions de la prochaine reprise universitaire dépendront de l'achèvement du pôle universitaire de Tamda. Mais aussi, du renforcement de la flotte de transport, notamment, la mise en service de la ligne ferroviaire Oued Aïssi-Tamda, qui devrait compenser le déficit en hébergement. En prévision de la rentrée universitaire 2008/2009, l'université attend un effectif qui variera entre 45 500 et 46 500 étudiants, selon deux hypothèses qui supposent 54% et 58% de réussite au BAC, avec 10 450 et 11 000 nouveaux inscrits, soit un flux de pas moins de 6000 étudiants qu'il faudra résorber. La capacité d'accueil de l'ensemble des infrastructures pédagogiques est de 35 650 places. « Nous accusons un déficit en matière d'amphithéâtres. Aussi, plusieurs salles de classe sont vétustes et nécessitent réhabilitation, dont les quatre amphithéâtres qui se trouvent à Oued Aïssi », a déclaré un responsable de l'université. Ainsi, l'orientation des bacheliers vers les filières littéraires exacerbe la pression sur les infrastructures, notamment, celles des facultés des sciences humaines et sociales. Les spécialistes considèrent que cette tendance « n'est pas un bon indicateur pour le développement économique dans notre pays ». Les trois facultés des sciences sociales et humaines accueillent 59% des effectifs, alors que 41% des étudiants sont affectés aux facultés des sciences expérimentales. Il faudra trouver, selon le vice-recteur, « un moyen de renverser la donne en encourageant les inscriptions dès le lycée dans les filières scientifiques et techniques. Du coup, ça nous permettrait de lever la pression sur les facultés des sciences sociales et de droit et créer un équilibre avec les instituts de technologie ». Des carences touchent également le volet encadrement. Le taux d'encadrement à l'UMMTO est inferieur à la norme universelle qui est de 1 enseignant pour 15 étudiants. L'enseignement est assuré par 1346 enseignants secondés par 1400 vacataires. Ce qui donne un taux moyennant 1 enseignant pour 30 étudiants. L'exemple de la faculté de sciences de gestion et économie est illustratif. En effet, 8% de l'effectif assurent l'enseignement de 6841 étudiants et 14% du corps encadrent 9830 étudiants à la faculté des lettres et sciences humaines. L'hébergement est une autre « calamité ». « En l'absence de nouvelles structures d'hébergement, les cités sont surpeuplées », confirme le vice-recteur. Des travailleurs dans les campus et des étudiants retardataires occupent indûment des chambres qui devront être libérées au profit de nouveaux étudiants, constate-t-on, mais sans agir. La cité de l'ex-Habitat, pour ne citer que celle-ci, abrite 40% d'étudiants en fin de cycle « qui refusent de quitter les chambres ». D'autres étudiants cumulent des retards allant de 3 à 8 ans. Des « toilettes » ont été reconverties en chambres. Les dortoirs ont été suréquipés en lits afin d'augmenter leur capacité. En perspective, 8141 étudiants devront être hébergés dans les 12 résidences, dont 62% sont des filles (5180). Au mois d'avril 2008, le nombre de dossiers renouvelés a atteint 11 192, qui seront rejoints à la rentrée prochaine par 8141 bacheliers. Rappelons tout de même que l'effectif hébergé à ce jour est de 25 707. Une situation qui engendrerait un déficit de plus de 3000 lits étant donné que la capacité théorique de l'ensemble des infrastructures est de 21 401. C'est pourquoi, l'orateur n'a pas cessé de répéter lors de la dernière session de l'APW qui a été consacrée à la préparation de la prochaine rentrée universitaire, qu' « il faut maintenir la cadence de travail sur le chantier du pôle universitaire de Tamda ».