Un hommage sera rendu, aujourd'hui, au niveau de l'amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne à Paris, à Abdelghani Belkaïd Ahmed, l'un des doyens des violonistes de la çana d'Alger. Organisé par le chanteur andalou Saâd Eddine El Andaloussi et l'ensemble El Andaloussia de Paris, cette rencontre est placée sous le thème « Tab'a et mizen ». Tout au long de cette soirée hommage, le grand maître du violon cheikh Abdelghani sera présent, pour quelques moments inoubliables de bonheur et de plaisir, avec en prime de belles œuvres de la çan'a, des improvisations prodigieuses et quelques airs de Lili El Abassi. Retour sur le parcours d'un artiste hors pair. Abdelghani Belkaïd Ahmed est né le 9 janvier 1919, à Alger. Son père meurt un an après. Les douces mélodies que lui chantait sa mère durant toute sa petite enfance l'initient à la musique. A l'âge de six ans, il confectionne son premier instrument de musique, une petite flûte en roseau. Un instrument qui lui permet de souffler ses premières notes. A 17 ans, il intègre la formation « Moutribia », fondée par Edmond Yafil où il suit les cours de M. Kesbi. Par la suite, il s'inscrit à l'association « Gharnata ». Le président de l'association, Mohamed Khodjet El Khil, l'encourage à se produire pour la première fois à la radio. Pour son baptême du feu, il interprétera un insiraf hsin : yâ layâlin madhat lanâ sous la direction de son professeur Abderrezak Fekhardji. Il rejoint ensuite l'association Al Mizhar, société culturelle du club sportif El Mouloudia où il y rencontre Mustapha Skandrani. Ce dernier sera l'un de ses compagnons les plus chers. Les deux amis suivent les cours du cheikh Bentefahi pour la musique andalouse et ceux du cheikh Ahmed Chitane pour le hawzi et le 'aroubi. L'année 1940 marquera son premier concert en tant que musicien professionnel, avec hadj El Mahfoudh dans le cadre de son émission hebdomadaire à la radio et gagne ainsi son premier « douro ». Chemin faisant, il découvre son idole Lili Al Abbassi. Ce dernier le remarque et l'invite à faire partie de son ensemble. Il l'accompagne pendant deux ans en ne jouant que de la mandoline et ce, par respect pour le maître. Considéré comme un musicien polyvalent, il rencontre Lili Boniche avec qui il entretiendra une sincère amitié. Il accompagne aussi pendant de longues années Khelifa Belkacem qui avait un grand succès à cette époque. En 1946, il intègre l'orchestre chaâbi de hadj M'hamed El Anka avec Mustapha Skandrani. Il est en même temps soliste avec toutes les célébrités de l'époque : Alice Fitoussi, Reinette Daoud, Larbi Benachour… El Anka remarque le jeu unique et la virtuosité de Si Abdelghani et lui propose le poste de soliste dans son orchestre. Dès lors, le début d'une aventure commune commence pour ne s'achever qu'avec le retrait du maître de la scène musicale au début des années 70. Abdelghani Belkaïd peut se targuer d'avoir pratiqué tous les genres : andalou, chaâbi, hawzi, sahraoui, moderne, kabyle, etc. Il a également accompagné tous les artistes que l'Algérie a produits dont, entre autres, Fadila Dziria, Dahmane Benachour, Blaoui Houari, Ahmed Wahbi, Meriem Abed, Noura, Amar Lachab, etc. Saâdane Benbabaali, maître de conférence à l'université de Paris III Sorbonne nouvelle-Paris, révèle qu'après 40 ans de service au sein de l'orchestre de la radio, cheikh Abdelghani prend sa retraite administrative mais non artistique. Agé, aujourd'hui, de 90 ans, cheikh Abdelghani n'a pas encore rangé son archet. Avec sa « duchesse », comme il aime à nommer son violon alto, il continue à émerveiller ses proches et amis au cours de soirées familiales organisées à Paris. Son lieu d'exil. Il est à noter que le programme prévoit une table ronde sous la direction de Saâdane Benbabaali, avec la participation de Farid Bensarsa, directeur artistique de l'ensemble El Mawsili. Un document vidéo unique sur l'artiste et sa vie musicale en France sera projeté. Farid Bensarsa interviendra sur la musique andalouse algérienne et l'apport original du cheikh. A 20h, un concert sera donné par l'ensemble El Andaloussia de Paris sous la direction de Saâd Eddine El Andalouss dans la nouba Raçd eddhile suivie d'un aroubi raml elmaya avec un ensemble de khlaçate. Saâd Eddine interprétera également un ensemble de chghalate dans la nouba raml elmaya, un âroubi djarka et pour finir quelques pièces dans le tab'a sahli ou rhawi ; le tout sera agrémenté d'un ensemble de khlaçate.