Les dernières déclarations du nouveau chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, sur la corruption, risquent de provoquer un séisme dans le monde du football si, bien sûr, elles sont suivies d'effet sur le terrain. Il faut dire que le phénomène de la corruption dans le football est une (amère) réalité. Pire, elle est admise et pratiquée sans crainte aucune. La combattre est un devoir. Pour cela, il faudra mettre en place, rapidement, des mécanismes pour une lutte implacable et sans faiblesse contre tous ceux qui l'ont presque institutionalisée. Dans le contexte actuel, les structures du football demeurent désarmées devant cette situation qu'elles ont, peut-être, encouragée en n'entreprenant rien pour la juguler. Elles se sont toujours abritées derrière le prétexte des « preuves à apporter » pour entamer d'éventuelles poursuites contre les coupables. La puissance publique serait bien inspirée si elle mettait un peu plus d'ordre, et surtout de rigueur, dans la provenance et la circulation de l'argent dans le football. Le contrôle doit être permanent, tout comme le recours aux juridictions compétentes à chaque fois qu'un acte ou tentative de corruption sont évoqués. La corruption dans le football algérien existe bel et bien et personne ne peut le nier, surtout pas les différents acteurs qui gravitent autour de cette discipline. L'argent demeure le moteur de cette « activité » condamnable qui ternit l'image et les valeurs que le football véhicule. Un jour, un membre du bureau fédéral a jeté un pavé dans la mare en déclarant : « La corruption va tuer notre football si nous ne la combattons pas de toutes nos forces. Un corner et un penalty ont un prix (50 000 et 100 000 dinars). » L'auteur de ces propos (Nasredine Baghdadi) ne pensait pas si bien dire et n'imaginait pas la suite funeste qui sera réservée à sa sortie médiatique. Depuis, la corruption s'est appropriée la quasi-totalité des pans du football. Les corrupteurs et les corrompus, main dans la main, n'ont cessé d'avancer sans être inquiétés. Les conséquences sont aujourd'hui terribles. Les résultats sont « arrangés », les sacres « planifiés » à l'avance, le wagon des condamnés « réservé » pour ses malheureux voyageurs vers l'enfer. C'est une machine rôdée, corrompus et corrupteurs. Pour l'abattre, il n'y a pas mieux que de frapper fort, sans faiblesse aucune. Si la corruption dans le football évolue si facilement, c'est parce qu'elle jouit d'une forme de complicité de quelques parties influentes du système en place. Ses tentacules dépassent le simple cadre du football. Des cercles de décision protègent souvent les contrevenants et leur assurent « l'immunité totale » contre tout risque d'intervention des parties légalement habilitées à « mettre leur nez » dans tout ce qui ne fonctionne pas conformément aux règles de la discipline. Le football peut être le premier bénéficiaire des engagements et résolutions qui seront pris par le chef du gouvernement pour lutter contre la corruption. Le milieu est tellement pourri par ce fléau qu'il n'a qu'à se pencher pour ramasser les preuves qui confondront leurs auteurs. Le terreau de la corruption dans le football est constitué de plusieurs éléments qui y concourent collectivement. Les dirigeants d'abord, les arbitres ensuite, et enfin, les joueurs. L'argent est leur moteur commun. Ils négocient, achètent, vendent des matches sans se soucier des éventuels risques et dangers qu'ils encourent. L'impunité totale dans laquelle ils baignent, depuis des années, leur donne l'impression d'être intouchables. Ahmed Ouyahia et le gouvernement qu'il dirige mettront-ils un terme à cette dramatique situation dans laquelle se trouve le football algérien, dont certains acteurs se croient au-dessus des lois de la République pour les bafouer comme ils le font depuis fort longtemps ? L'avenir le dira.