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« Si rien n'est fait, des usines et des officines fermeront »
Farid Benhamdine (Président de la Société algérienne de pharmacie SAP)
Publié dans El Watan le 01 - 07 - 2008

Président de la Société algérienne de pharmacie, M. Benhamdine revient dans cet entretien sur toutes les questions liées au problème du médicament en Algérie, de la rupture, aux marges bénéficiaires en passant par les entraves à la production nationale. Pour lui, la concertation avec les pouvoirs publics, un élément qui a fait défaut durant plusieurs années, est l'une des solutions de sortie de crise.
Le marché du médicament connaît depuis quelques jours une forte perturbation. Quelles sont, selon vous, les causes de ce dysfonctionnement ?
Depuis de nombreuses années et de manière cyclique, ce problème se pose et les spéculations de toutes sortes voient le jour, cela au détriment de la sérénité des malades. La Société algérienne de pharmacie, qui est une société scientifique dont la tâche est de former et d'informer les pharmaciens, ne détient pas les informations fiables et basées sur des études sur le terrain. Cependant, il serait hasardeux de dire que le marché est stable et que tous les produits sont disponibles en tout endroit et à tout moment. Pour vous répondre, sans langue de bois, je peux vous dire que je regrette qu'il n'y ait pas de concertation entre les pouvoirs publics et toutes les représentations professionnelles dûment constituées. Le mal vient de cette exclusion, tout le reste en découle. Le Snapo a fait une étude sur le terrain et a obtenu un panorama quantifié et précis de l'état du marché actuel. Il serait bon de ne pas considérer son travail comme une offense aux autorités concernées, mais plutôt comme une contribution non négligeable pour résoudre les crises. Il ne sert, à mon avis, à rien de constater une pénurie si on ne détermine pas ses origines. Le confort des malades concerne toutes les souches bienveillantes de l'Algérie et ne peut être le monopole exclusif d'un ministère, dusse-t-il être le plus compétent, le plus intègre et le plus généreux. Mes confrères du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) font le même constat au vu de leurs déclarations publiques et je m'inscris solidairement dans leur démarche. La santé est l'affaire de tous.
La production nationale vit actuellement une situation difficile au point que certaines entreprises ont décidé de mettre la clé sous le paillasson. Quelles en sont, d'après vous, les raisons et comment peut-on redresser la situation ?
Là encore, mais je crois que c'est la méthode du gouvernement, il n'y a pas eu de concertation entre les différents ministères et les opérateurs, en particulier avec les producteurs. Je peux vous dire ce qui n'a pas été fait pour protéger l'industrie pharmaceutique nationale. Lors des négociations avec l'OMC, aucun ministère n'a jugé opportun d'écouter les producteurs qui, je vous le rappelle, ont choisi leur pays pour investir et ce secteur pour sa sécurité sanitaire. La plupart d'entre eux sont des professionnels de la santé et du médicament, et croyez-moi, ils sont très au fait des dernières technologies et des pratiques du commerce international. Ils possèdent toutes les qualités pour se réunir et enrichir les débats avec nos autorités qui n'ont pas le monopole de la préservation du confort de nos malades et de nos économies. Je vous signale, d'après les chiffres officiels du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qu'il y a 4286 produits inscrits dans la nomenclature des médicaments, dont environ 70% sont des génériques. La production locale satisfait 30% du marché et la part du générique y est de 90%. Cette part devient 38% lorsqu'il s'agit de l'importation. A cela s'ajoute le fait que la trentaine d'usines réellement présentes sur le marché et aux normes ne tournent qu'à 30% de leurs capacités et ne répondent qu'à 30% des besoins. La réponse à votre question est contenue dans la jonction de ces deux paramètres. On veut aller au générique qui, je vous le signale, est un critère et un avantage économique, et non pas qualitatif, mais nos pouvoirs publics semblent ignorer que cela, hélas, ne se décrète jamais, mais se met en place par différentes techniques incitatives et, dans tous les cas, en concertation avec l'ensemble des intervenants. La dernière répartition des marges à la production et à la commercialisation est un autre exemple de décisions arbitraires. Les marges à la production devraient être libres. Seul le prix du produit lors de l'enregistrement devrait être considéré et éventuellement négocié. La diminution de la marge du pharmacien et de ses revenus aura des effets négatifs sur le marché. Les produits plus chers et fortement marketés vont connaître une hausse, la part des produits locaux va diminuer, la porte à toutes les dérives commerciales sera ouverte. Je pense à la contrefaçon et à la vente de médicaments psychotropes et autres. Je suis persuadé que ce n'est pas le but de l'Etat, mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. Oui, des usines et des officines fermeront et cela sera un beau gâchis qui aurait pu être évité. Tout est réversible et il n'est pas trop tard.
Est-ce que votre analyse n'est pas trop pessimiste ? Ne rejetez-vous pas toutes les anomalies sur le fonctionnement des structures de l'Etat ?
Je vous attendais, bien sûr que l'Etat n'est pas responsable de tout ce qui ne va pas dans ce secteur. Il y a des multinationales qui ne tiennent pas leur engagement d'investissement, des importateurs qui ne jouent pas la transparence, des distributeurs qui font de la vente concomitante et qui font des ristournes incompréhensibles et certainement immorales, des pharmaciens qui parfois (pour des raisons de survie) privilégient l'aspect mercantile à l'exercice de leur savoir et leur rôle majeur de conseils et de protecteurs de la santé de leur clients… Pour sa part, l'Etat a fait de grands efforts pour atteindre les standards internationaux en matière d'enregistrement, de contrôle… Je ne citerai que le Laboratoire national de contrôle de produits pharmaceutiques (LNCPP) et quelques-unes de ses réalisations, alors que son directeur général a été injustement vilipendé dans une interview parue dans votre journal du 21 juin 2008. Créé en 1993, le LNCPP n'a vu le jour qu'en 1995, date d'installation de l'actuel directeur général, pour répondre à une situation marquée par un vide en matière de contrôle de l'innocuité, de l'efficacité et de la qualité des produits pharmaceutiques commercialisés dans notre pays. Cette première phase de lancement s'est caractérisée par l'érection de structures techniques à l'échelon national (Alger) et à l'échelon régional (Oran, Constantine, Béchar et Ouargla), la mise en place du dispositif du contrôle technico-réglementaire systématique des produits pharmaceutiques commercialisés dans notre pays, le développement de laboratoires spécialisés dans les domaines de la chimie, des produits finis, de la microbiologie, de l'immunologie et de la pharmaco-toxicologie, et la mise en œuvre progressive d'un système assurance qualité visant à standardiser toutes les opérations de contrôle selon des procédures validées conformément aux bonnes pratiques de laboratoire recommandées par l'OMS. A partir de 2000, le LNCPP s'est attelé à poursuivre la formation des personnels techniques dans les différentes spécialités du contrôle de qualité aussi bien en Algérie qu'à l'étranger, à consolider le développement des laboratoires spécialisés dans les domaines de la pharmacotechnie (stabilité des médicaments), de la chimie des matières premières et de la physique (dispositifs médicaux) et à développer les axes de coopération avec l'OMS qui s'est traduite par la désignation du LNCPP comme Centre collaborateur de l'OMS pour l'Afrique, avec la Communauté européenne comme membre de la pharmacopée européenne et avec les pays arabes, européens, asiatiques et d'Amérique latine par l'établissement de conventions avec les autorités chargées du contrôle de ces pays. De plus, le LNCPP a assuré la formation du personnel technique des différentes unités de production locale dans les différents domaines du contrôle des produits pharmaceutiques, et a mis à leur disposition tout l'équipement et les réactifs nécessaires à leur formation à titre gracieux. Depuis 2005, le LNCPP a été doté de nouvelles infrastructures au niveau de l'IPA à Dély Ibrahim qui lui ont permis de consolider son système d'assurance qualité, de disposer d'un réseau informatique intranet et de créer une unité bioanalytique pour les études de bioéquivalences. Ces objectifs ont pu être atteints parce que justement il y a eu stabilité au niveau de la direction générale. L'universitaire en question est effectivement professeur de pharmacie et ses fonctions à Saidal ou dans le secteur privé ne devraient en aucun cas être considérées comme un handicap. Au contraire, la preuve a été fournie par les réalisations de ce professeur, qui active au LNCPP depuis plus de 10 ans, et de son équipe. Pour mémoire, il est des pays où des fonctions ministérielles de premier plan sont occupées par des personnes provenant du privé. Les bretelles privé-public ont toujours existé. Ce qui est valable ailleurs ne doit-il plus l'être quand il s'agit de notre pays ? J'ai bien peur que la non-concertation et les assertions incontrôlées risquent de retarder l'assainissement et le bon fonctionnement de tout le secteur du médicament.
Le projet de loi portant sur la promotion de la santé prévoit la création de l'agence nationale du médicament. Est-elle dotée de moyens suffisants pour assurer une régulation du marché ?
En fait, on aurait dû débuter par cette question. L'Agence nationale des produits pharmaceutiques devrait atténuer, voire faire disparaître, tous les dysfonctionnements cités plus haut. Cette agence, qui est, je vous le rappelle, une structure indépendante publique, n'est pas comme je l'ai lu une privatisation ou un désengagement de l'Etat quant à la politique du médicament, mais au contraire une structure qui doit garantir de par sa méthode de fonctionnement une plus grande réactivité, plus d'écoute et, j'espère, plus de concertation et de transparence et de résultats. Elle permettra ainsi au ministère de la Santé de se délester de la gestion de ce secteur et d'accorder, de ce fait, plus de temps et d'énergie à l'application de la politique nationale de la santé du gouvernement, dont je vous rappelle que le médicament n'est qu'une partie. Toutes les parties concernées attendent avec impatience le début de ses activités. Je souhaiterais ajouter quelque chose, car dans la loi citée plus haut, il est question, entre autres, des vaccins. Le projet de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) est devenu, après plusieurs années de léthargie, une réalité grâce, il faut le reconnaître, aux efforts et à la ténacité sans limite du ministre de la Santé et bien sûr à l'engagement de tout le personnel de l'IPA. L'Institut Pasteur d'Algérie, qui existe depuis 1904, est membre du réseau international des instituts Pasteur (IP). Les activités principales de ces IP sont la recherche et la production, très accessoirement l'importation et la distribution dans le cas de pandémie ou des programmes de vaccinations massives (PEV). Je souhaiterais vivement que l'IPA rejoigne l'esprit et le rôle qui lui sont dévolus. Les chercheurs doivent continuer de chercher, les producteurs de produire et les commerçants de commercer. J'ai confiance en l'avenir, car tous les ingrédients de la réussite sont réunis. La volonté du gouvernement et de notre Parlement l'atteste.


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