Parlant au nom du RND, qui fait partie de l'Alliance présidentielle, M. Ouyahia conjugue l'avenir de ces commissions au passé, en disant qu'elles n'ont plus aucune raison d'être. Peut-on comprendre par là que leur sort a déjà été scellé ? Il est nécessaire de revenir sur la « genèse » de ces commissions, nées avant l'élection du 8 avril. Les quatre commissions ont été mises sur pied afin de tirer au clair les dossiers liés au refus d'agréer le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, (CNAPEST), au contrôle des deniers publics, à l'agression des walis contre les élus locaux et, enfin, à l'immunité parlementaire et l'agression contre les députés. Seule l'enquête concernant le CNAPEST a pu avancer dans son travail, à en croire les députés d'El Islah. Quant au reste, c'est le gel total. « Tous les députés des autres formations politiques se sont retirés », nous a confirmé Djahid Younsi, porte-parole d'El Islah. Pourquoi ? Selon M. Younsi, ce retrait est lié à la nouvelle donne politique dictée par les résultats de la dernière présidentielle. « Cela répond à la conjoncture politique actuelle marquée essentiellement par le changement qui a eu lieu au sein du FLN suite à sa récupération du parti par les pro-Bouteflika. Cette conjoncture a fait que la majorité parlementaire a changé de main et est du côté de l'Exécutif », a-t-il indiqué. « Lorsque nous avons installé les commissions, toutes les couleurs politiques y étaient représentées. Aujourd'hui, nous sommes les seuls à y rester. Et nous ne représentons qu'une minorité qui, en dépit de sa volonté de poursuivre son travail, n'y peut rien », a-t-il ajouté, en confirmant que les députés d'El Islah sont « prêts à aller jusqu'au bout ». Mais l'écrasante majorité semble avoir fait déjà son choix : rejeter toute initiative susceptible de déranger le pouvoir. Pour M. Younsi, ces députés « ont failli » à leur devoir, car « ils sont là en tant que représentants du peuple ». « Les députés doivent et devraient honorer leur engagement vis-à-vis du peuple. En décidant de se retirer de ces commissions, c'était irresponsable de leur part, car personne ne les a obligés à y participer. C'était de leur propre gré », a-t-il indiqué. Le Parti des travailleurs (PT), quant à lui, fuit le débat, justifiant cela par sa présence dans une seule commission d'enquête, celle relative à l'agrément du CNAPEST. Cette dernière, selon Djelloul Djoudi, chef du groupe parlementaire du PT, continue à travailler. Il estime que les autres commissions d'enquête ne concernent pas les députés du PT. Du côté du FLN, Ayachi Daâdoua, nouveau chef du groupe parlementaire qui a succédé à Abbas Mekhalif, nie l'existence « active » de ces commissions qui, à ses yeux, ne sont que sur papier. « A ma connaissance, elles n'ont jamais été mises sur pied », a-t-il noté. Certains observateurs avisés estiment que c'est « la guéguerre » au sein de l'ex-parti unique déclenchée en 2003 entre les fidèles à la ligne de Benflis et les pro-Bouteflika qui avait stimulé, à l'époque, les collègues du chef du groupe parlementaire du parti, Abbas Mekhalif, à réclamer l'ouverture des dites enquêtes. C'est ce qui explique, de leur point de vue toujours, la « mise à mort » de ces commissions aujourd'hui. Le rôle de contrôle de l'APN n'est-il pas remis en cause ?