Les armateurs de Béni Saf, Ghazaouet et Oran, réunis hier à Témouchent, ont déballé en aparté bien plus que ce que déclaraient en leur nom leurs représentants : « Comment se fait-il que l'Etat brade au profit de l'un, pour une bouchée de pain, une pêcherie et une conserverie avec tout ce qui va avec, sous prétexte de privatisation et d'un autre côté, il nous étrangle avec des échéances d'un crédit sans commune mesure avec nos capacités de remboursement ? » Aïn Témouchent : De notre bureau Un armateur de Ghazaouet s'étonne que cela ait pu être possible alors qu'au niveau du port de sa ville, les armateurs ont fait échec à une opération semblable : « Que vous arrive-t-il à Béni Saf ? » Pour ce qui est de cette première affaire, qui n'était pas à l'ordre du jour de la rencontre, il ressort que bien qu'une seule soumission avait été enregistrée suite à l'avis d'appel de vente, la cession a été conclue bien qu'un autre acquéreur se soit déclaré. Mais ce qui a fait surtout dire qu'il y avait anguille sous roche, c'est que la vente a été finalisée alors que l'acquéreur s'était révélé incapable de payer la totalité du montant du marché. Pour en savoir plus, nous avons fait appel à l'acquéreur et à celui qui s'était présenté en rival. Si le premier était injoignable même par le biais du président de la chambre de la pêche, le second, qui est l'actuel locataire de la pêcherie, s'est trouvé disponible. Documents à l'appui, il explique : « J'ai, en tant que gérant de la Sarl Sexim Trading, une convention de location encore en vigueur avec le complexe de pêche de Béni Saf dépendant du groupe Agro-Froid. Je vous confirme que le SGP a autorisé la cession du complexe pour 125 millions de dinars, un complexe comprenant une halle à marée (4572 m2) ainsi qu'une conserverie, un garage et un hangar de 6921 m2, alors que le montant en question ne représente même pas l'équivalent de quatre annuités de location de la seule halle à marrée, soit 152 millions de dinars ! Cette vente s'est effectuée le 15 janvier 2007 alors j'avais exprimé, le 19 avril 2006, une manifestation d'achat en tant qu'occupant. Elle a été rejetée, bien que l'acquéreur se soit montré incapable de régler la transaction au comptant comme stipulé dans les modalités de paiement. La complaisance est allée jusqu'à temporiser durant deux années pour qu'il puisse honorer ses engagements. » Pour d'aucuns, de multiples questions se posent. Y avait-il intérêt à privatiser une poule aux œufs d'or ? Concernant le point à l'ordre du jour de la rencontre, les armateurs ont convenu d'adresser un appel au chef du gouvernement après avoir longtemps cru aux velléités de la BADR quant à un règlement à l'amiable suite aux difficultés à rembourser le crédit accordé dans le cadre du PRSE. Ils sollicitent Ahmed Ouyahia pour que les tableaux d'amortissement établis par la BADR prennent en considération leurs capacités de remboursement, les montants des échéances s'étant révélés trop élevés au regard de la baisse des quantités pêchées du fait des divers aléas, des charges de production et d'exploitation devenues très élevées comme des sorties en mer souvent infructueuses.