Le premier congrès international sur la stratégie des TIC, organisé par l'Union nationale des scientifiques et technologues algériens, en collaboration avec Touiza Télécom, au Cerist (Alger), a retenu une série de recommandations après trois jours de travaux. Le besoin d'une haute autorité à même de prendre en charge l'édification de la société de l'information a été largement évoqué par les différents intervenants dans les débats. Cette structure doit rapidement définir la doctrine, compte tenu du caractère structurant à long terme des systèmes d'information pour le développement et la cohésion de la société et pour que l'Algérie s'assure une place dans la mondialisation. Elle doit élaborer un livre blanc professionnel qui énumérera les normes et standards, les infrastructures technologiques à mettre en place, les moyens à mettre en œuvre pour la promotion, la création et la production du contenu, les modalités et règles en vue de la collaboration et les interactions entre tous les acteurs publics et privés ainsi que la définition d'une stratégie d'intégration des infrastructures informationnelles existantes au sein du schéma cible. Il a été mis en évidence le fait que l'implantation anarchique des TIC dans les entreprises et les administrations ne peut avoir un impact significatif sur le développement. Ce n'est plus en nombre d'ordinateurs disponibles que l'on mesure le progrès, mais par l'usage qui en est fait. La progression du nombre d'abonnés et d'usagers d'internet (estimé à près de 4 millions) ne doit pas nous faire oublier qu'une part importante de la population reste aujourd'hui encore à l'écart des « autoroutes de l'information » avec un taux de connectivité au haut débit de 1,2%. L'appropriation est très différente de la simple utilisation. S'approprier veut dire que l'on va commencer à modifier les choses et à les prendre pour soi. En matière de TIC, la commande doit venir d'en haut, être claire et sans appel, comme l'a fait Al Gore aux Etats-Unis. Le président chinois, Hu Jintao, a suivi personnellement la politique de développement des NTIC dans son pays. La Chine est même devenue, en 2004, le premier exportateur de biens des technologies de l'information et de la communication (téléphones mobiles, ordinateurs portables, appareils photos numériques). En d'autres termes, si l'Algérie veut aller loin dans ce domaine, c'est au président de la République de « mettre la pression » sur le gouvernement pour qu'il prenne au sérieux ce dossier. Le Réseau intranet gouvernemental (RIG), reliant les administrations et les institutions publiques et qui permettra d'interconnecter les institutions de l'Etat, est toujours en voie de concrétisation. Le régime de croissance pratiqué n'a pas été optimal : les résultats en termes d'efficacité économique sont en deçà des efforts fournis. La traduction en termes de bien-être semble être moins bonne que dans certains autres pays de la région MENA dotés de moins de ressources. L'opération Ousratic, 1 PC par foyer, en dépit des mesures incitatives prises pour accélérer le taux d'équipement, est en fait loin d'être réussie. Pourtant, l'annonce a été faite par le président de la République devant un parterre prestigieux de chefs d'Etat et de gouvernement, lors de la phase de Tunis du Sommet mondial sur la société de l'information, en novembre 2005 ! Hamid Bessalah, le nouveau ministre de la Poste et des Technologies de l'Information et de la communication, aura comme mission principale de rattraper les retards et d'aller vers une vision intégrée et globale. Son principal atout est de bien connaître le secteur, car il est proche du domaine des télécoms, contrairement à son prédécesseur Boujemaâ Haïchour. « On est sur la même longueur d'onde, on se comprend », a affirmé Younès Grar, PDG de Gecos. Mais M. Bessalah a-t-il les coudées franches pour mener son action de changement et de redressement ?